C’est une région où prolifèrent des groupes armés. Une région très convoitée pour ses richesses naturelles. Le Nord-Kivu serait devenu le fief d’un groupe islamiste dénommé « Défense Musulmane Internationale/ADF ». Le journaliste congolais Nicaise Kibel’bel Oka y a mené une longue enquête. Il explique à Géopolis comment un califat est en gestation dans la région des Grands Lacs.
Il règne dans ces contrées une barbarie exercée au nom de la charia, explique Nicaise Kibel’bel à Géopolis. Le journaliste d’investigation congolais connaît bien le Nord-Kivu où les islamistes ont élu domicile. Ils recrutent à tour de bras des jeunes au sein d’une population effrayée et abandonnée à elle-même face à une véritable entreprise criminelle, dénonce notre confrère.
« Cette entreprise a commencé par une campagne de séduction. Elle s’est d’abord installée dans la grande forêt du parc national des Virunga, dans la grande forêt du Mont Ruwenzori. Elle a pris contact avec les populations locales. Elle a épousé des Congolaises. Elle a organisé un petit commerce avec des jeunes gens. Elle a tissé des liens presque indéboulonnables avec la population avant qu’elle ne commence à poser ses actes. »
Le Kivu, ventre mou de la région des Grands lacs
L’installation des islamistes a été facilitée par le chaos qui règne dans cette région de l’est de la RDC. C’est le ventre mou de la région des Grands lacs africains, constate Nicaise Kibel’bel qui tire la sonnette d’alarme dans un livre publié aux éditions Scribes intitulé L’avènement du Djihad en RD-Congo, un terrorisme islamiste ADF mal connu.
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Des horreurs commises par des fanatiques musulmans issus de la secte pakistanaise Tabliq qui s’est installée d’abord en Tanzanie dans les années 1920. Comme l’indique l’auteur du livre, ils ont ensuite frappé en Ouganda à partir des années 1990 avant de se réfugier dans les montages du Ruwenzori, à l’est de la RDC, à partir de 1995.
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« La circulation d’armes est fluide »
Comment se procurent-ils les armes ? Où trouvent-t-il les financements ? Le journaliste Nicaise Kibel’bel croit savoir que les financements viennent de Grande-Bretagne, de Turquie et d’Arabie Saoudite. Mais les djihadistes exploitent aussi les richesses locales dont regorge le Kivu.
« Depuis plusieurs années, les islamistes ont géré la forêt et les parcs. Ils ont la main sur le commerce du bois de première qualité, sur le commerce du cacao, du café. Ils se sont installés dans une région qui, au niveau du sol et du sous-sol, offre des opportunités incroyables pour le commerce. Les conditions naturelles de la région participent à cette guerre et offrent des possibilités à ce califat d’exister en raison de la faiblesse de l’État et des forces de sécurité, même si l’armée se bat corps et âme. »
Quant aux armes, elles viendraient du Soudan et de Somalie, mais aussi des nombreux trafiquants qui sillonnent la région en toute impunité.
« La région est hors contrôle, la circulation d’armes est fluide. Vous avez aussi des armées qui sont presque en déliquescence, des braconniers dans les parcs, des bandits de grand chemin, des déserteurs des armées. C’est tout ce conglomérat qui fournit les armes. Et vous avez une économie hors circuit bancaire qui fait circuler plus de trois milliards de dollars chaque mois dans la région. »
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Un débat de France 24 datant d’août 2016 sur le sujet :