La semaine dernière, la Banque Centrale Européenne é dévoilé le nouveau billet de 5 euros. Un acte qui peut sembler symboliser la fin de la crise de la zone euro pour ceux dont le regard n’est braqué que sur les marchés. Mais les amateurs d’histoire ou d’économie auront une autre interprétation…
Des symboles malheureux
En effet, ce nouveau billet comprend la princesse grecque Europe. S’il semble logique de reprendre le personnage de la mythologie grecque qui a donné son nom au continent, le symbole est ambivalent. En effet, l’orgine de la princesse est à double tranchant. Elle peut représenter une sorte d’hommage au fait qu’Athènes soit (pour l’instant) restée dans la monnaie unique. Néanmoins, c’est peut-être à Athènes, et prochainement, que l’euro pourrait commencer à être démonté.
En effet, en juin 2012, les Grecs ont été à deux doigts de mettre au pouvoir Syriza, dont le refus radical d’appliquer les plans d’austérité européens aurait sans doute conduit le pays à sortir de cette construction monétaire qui la contraint à se torturer économiquement. Pire, la solidité de la majorité parlementaire est loin d’être garantie puisque récemment, deux députés en ont quitté les rangs en dénonçant les politiques suivies, phénomène qui pourrait mener à de nouvelles éléctions…
En outre, le mythe d’Europe peut révéler une double lecture troublante. La princesse Europe a été enlevée par Zeus, transformé en taureau blanc. Si l’Europe est cette princesse, qui est Zeus ? En outre, de leur union naissent deux juges des Enfers. On imagine assez bien la BCE, la Commission ou la Cour de Justice dans ces rôles. Et le destin de leur troisième rejeton n’est guère riant, tout comme Europe, donné par Zeus comme femme au roi de Crète…
Une crise qui n’est pas finie
De manière plus sérieuse, il est totalement illusoire de croire que la crise de la zone euro est terminée. Certes, les marchés sont relativement calmes depuis six mois, mais on ne peut pas dire que le jugement des marchés apparaisse comme un baromètre particulièrement fiable pour prédire ce qui va se passer depuis quelques années... En outre, se baser là-dessus alors que les économies européennes ont à nouveau basculé dans la récession est totalement illusoire.
En effet, outre le fait qu’à tout moment les marchés peuvent à nouveau être pris de panique, il est indécent de déclarer la crise de la zone euro terminée alors que le chômage ne cesse de progresser. De nombreuses menaces persistent : le cours de l’euro est reparti à la hausse puisque la BCE est la seule banque centrale qui n’a pas compris qu’une monnaie chère peut être catastrophique pour l’activité économique, comme le soulignent Louis Gallois ou Jacques Sapir.
Ensuite, les plans d’austérité dépriment l’activité et on se demande bien sur quels ressorts la croissance pourrait bien repartir en 2014 étant données les coupes budgétaires programmées à Athènes, Madrid, Lisbonne, Paris ou même Berlin. De manière incroyable, la zone euro ne tient absolument pas compte des analyses du FMI, de Krugman ou Stiglitz. Et du coup, on sacrifie la situation sociale pour essayer de faire fonctionner une union monétaire totalement artificielle et bancale.
Du coup, la crise économique et sociale du continent finira bien par pousser un peuple à refuser ces politiques mortifères. Et alors, le château de carte qu’est la monnaie unique s’effondrera. Il suffit d’un pays. Mieux, cela ne produira pas une catastrophe, contrairement à ce qui est dit par certains.