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Le portrait de François Bayrou par Faits & Documents

François Bayrou a donc été nommé ce vendredi 13 décembre 2024 à Matignon par Emmanuel Macron, qui avait quelques heures plus tôt annoncé que le leader du centre ne serait pas son Premier ministre. C’est sur insistance du candidat qui avait fini 3e en 2007 que le Président, en panne de plan B, a cédé.

 

 

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Bien qu’ayant déjà traité du candidat à l’élection présidentielle dans les deux tomes de notre Encyclopédie politique française (1992 et 2005), il nous semble qu’il faut revenir sur le président de l’UDF au vu de sa percée médiatique, étant en passe, selon les sondages, de dépasser d’ici quelques poignées de jours la candidate socialiste, cette éventualité ayant étant considérée comme prévisible par les responsables des sondages du PS, Gérard Le Gall : « La situation politique est une patinoire. Tout le monde peut y chuter, y compris Sarközy. Mais sur cette patinoire, Bayrou avance, avec un phénomène de vases communicants entre son électorat et l’électorat Royal. Il y a donc désormais un risque statistique réel pour Ségolène au premier tour (7 mars 2007). » C’est bien en effet sur un rejet du tandem Sarközy-Royal que progresse François Bayrou, dont le charisme est totalement inexistant et dont le discours ne peut déclencher l’enthousiasme des foules. Bayrou, qui se présente comme un candidat « neuf », ne vient pas d’ailleurs. Comme l’indiquait Le Monde (9 mars), « Bayrou est un pur produit du "système" qu’il pourfend depuis quelques mois [...] Bayrou a conquis à peu près tous les mandats électifs disponibles dans le "système" [...] (Des) gouvernements Balladur (1993-1995) et Juppé (1995-1997), (il) a été membre de bout en bout [...] L’ancienne “plume” de Pierre Méhaignerie s’est muée en candidat de “l’extrême centre”, s’adressant au peuple en utilisant des recettes qui étaient jusqu’alors l’apanage du Front national : rejet du "système", renvoi dos à dos des deux principaux partis de gouvernement, dénonciation des médias. » Son bilan, en tout cas, comme ministre n’est pas brillant.

 

« Démodé dans les années 1980, Bayrou est devenu tendance, comme les produits bio ou le développement durable. » (Le Monde, 1er décembre 2006)

Né le 25 mai 1951 à Bordères (Pyrénées-Atlantiques), François Bayrou (ce qui veut dire « cuvette » en béarnais) est le fils d’un couple d’agriculteurs (dix hectares, une vingtaine de vaches, des champs de maïs et de tabac). Fils lui-même d’un premier adjoint de la commune (qui s’appelait lui aussi François Bayrou), son père, Calixte Bayrou, fut maire MRP de sa commune et son propre frère devint polytechnicien et sa sœur médecin. Agrégé de lettres classiques (et ayant soutenu une thèse sur Le Rire dans Charles Péguy), il est profondément imprégné de catholicisme social. Attiré par le pacifisme d’essence plutôt nettement réactionnaire, il fut le responsable bordelais de la Communauté de l’Arche, les disciples de Lanza del Vasto (par où est passé également le député béarnais Jean Lassalle, auteur d’une célèbre grève de la faim, ou José Bové…), ancêtre des communautés hippies de l’après Mai 68. Encore aujourd’hui, il cite volontiers son mentor, l’homme qui forma très largement son jugement et ses goûts : son professeur de lettres au lycée, Jean Biès, un étonnant personnage épris de la pensée de Gandhi et de René Guénon. Un assez fascinant personnage à l’itinéraire très particulier. Né à Bordeaux en 1933, il s’initia au soufisme (branche de l’islam) lors de ses études à la faculté d’Alger. À la suite de la lecture des ouvrages de René Guénon, il découvre l’hindouisme, l’alchimie, etc. Cet « éveilleur d’esprits » et ami de Frithjof Schuon séjournera longuement au Mont Athos (orthodoxie) en 1958 (il y consacrera un ouvrage célèbre). Il soutiendra en 1973 une thèse de doctorat d’État, Littérature française et pensée hindoue. À partir de 1971, il s’oriente vers l’alchimie et Carl-Gustav Jung. Celui qui est considéré comme l’un des maîtres à penser du New Age et de l’ésotérisme a écrit des centaines d’articles dans des revues comme Question de, Connaissance des religions, Troisième millénaire, Terre du ciel, etc. Il a également publié des dizaines de livres parmi lesquels on citera Art, Gnose et Alchimie (Le Courrier du livre, 1987), Les Alchimistes (Philippe Lebaud, 1999), Les Grands Initiés du XXe siècle (Lebaud, 1998), etc. Aujourd’hui, interrogé sur son ancien élève, il assure qu’il a plusieurs incarnations dans sa propre existence (Paris-Match, août 2006).

Selon sa propre épouse, mère de six enfants (dont déjà une agrégée et une polytechnicienne), il participa très activement comme membre du Comité d’action lycéen du lycée de Nay (où il rencontrera son épouse, alors qu’elle avait 11 ans et lui 10). Était-ce une réminiscence lorsque, comme ministre de l’Éducation nationale, il déclara en 1994 : « Les étudiants, je les aime ! Nous sommes du même côté de la barricade. » Faits peu connus et dont il ne parle plus jamais.

 

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La girouette et son but politique

 

 

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