Olivier Besancenot ne sera pas candidat à la présidentielle. Le NPA va-t-il en profiter pour se rapprocher du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon ? Les partenaires communistes de ce dernier n’y sont pas favorables.
A l’heure où les candidatures à la présidentielle se multiplient, c’est une non-candidature qui fait ce jeudi l’actualité, celle d’Olivier Besancenot. Dans une lettre adressée aux militants du NPA mercredi, il se montre très clair : "Je ne serai pas le candidat du Nouveau parti anticapitaliste à l’élection présidentielle de 2012. Il s’agit d’une décision politique que j’assume."
Dans ce même courrier, il dresse le bilan de ces dix dernières années, passées aux premiers rangs de la LCR, puis du NPA. Il remercie ainsi "tous les camarades des sections locales qui ont collé des affiches, distribué des tracts, organisé les meetings, aux chasseurs de signatures en 2002, puis en 2007, ainsi qu’aux camarades de la direction." Cette annonce intervient moins de deux mois après son départ du porte-parolat du NPA. Clairement, Olivier Besancenot ne veut plus incarner à lui seul le parti anti-capitaliste, et aspire à prendre plus de hauteur. Les récents événements dans le monde arabe ont achevé de le convaincre de prendre en charge les questions internationales, loin des caméras. Ce n’est pas un hasard si sa lettre aux militants s’achève par cette phrase : "Les révolutions arabes le prouvent : les vents de l’histoire sont changeants et peuvent tourner rapidement."
L’épineuse question d’une alliance
La décision d’Olivier Besancenot laisse effectivement le NPA en plein vent. Depuis plusieurs mois, le parti anticapitaliste traverse des moments difficiles. Dans l’huis-clos d’une salle de Montreuil, en février dernier, il avait enregistré le départ de plusieurs cadres et militants. Départs qui s’ajoutaient à la baisse du nombre d’adhérents -un gros tiers des 9300 personnes enregistrées à la création début 2009.
Les adhérents restants se divisent depuis plusieurs semaines sur la stratégie à suivre en vue de la présidentielle. Avec une question centrale : faut-il s’allier au Front de gauche et Jean-Luc Mélenchon ? Olivier Besancenot et ses partisans n’y sont pas favorables. Les "identitaires" y sont complètement opposés, les "unitaires" pour.
Cette question est d’autant plus centrale que l’annonce d’Olivier Besancenot intervient quelques heures après une réunion entre le NPA, le Parti de gauche, la Gauche unitaire et la Fase, mouvement de Clémentine Autain.
A-t-il été question de cette non-candidature ? "Nous ne le savions pas", assure Eric Coquerel du Parti de gauche. "Quand la réunion a eu lieu hier, nous n’étions pas au courant de la décision d’Olivier, il ne l’a pas laissé transparaitre. C’est une surprise, tout le monde était persuadé qu’il irait", ajoute Leïla Chaibi, ancienne du NPA, aujourd’hui au Parti de gauche.
Privé de candidat connu du grand public, le parti anti-capitaliste se trouve face à un dilemme : préserver son autonomie mais réaliser un score confidentiel, ou s’allier au Front de gauche et profiter de la notoriété de Jean-Luc Mélenchon.
Les communistes pas prêts à s’unir à l’extrême gauche
Pour Eric Coquerel, "cette annonce ouvre plus largement les perspectives d’unité". La réunion de mercredi s’est achevé sur un constat pour le membre du Parti de gauche : "Nos programmes n’empêchent pas une candidature commune, mais c’est une question de stratégie électorale."
Leila Chaïbi est plus affirmative : "Le NPA se retrouve aujourd’hui sans tête. Les portes du Front de gauche sont ouvertes. Il y a beaucoup plus de points, qui nous rassemblent, que d’éléments, qui nous divisent." Les parties concernées ont convenu de se revoir.
Reste la question du parti communiste. Engagé avec les troupes de Jean-Luc Mélenchon dans le Front de gauche, le PCF n’est pas naturellement porté vers une alliance avec le NPA. Il regarde plutôt du côté de l’ancienne gauche plurielle et d’une alliance gouvernementale avec les écolos et les socialistes.
A LEXPRESS.fr, Pierre Laurent, numéro 1 du PCF, confirme cette idée : "Le désaccord stratégique avec le NPA tient toujours. Nous ne voulons pas témoigner à gauche, mais gouverner à gauche. Le Front de gauche n’a pas pour vocation de rassembler l’extrême gauche."
D’une simple lettre, Olivier Besancenot a peut-être déclenché une restructuration de la gauche radicale. Pour quelqu’un qui ne veut plus occuper le devant de la scène, c’est un comble.