La monnaie russe est tombée mercredi à son plus bas niveau historique face au dollar, sous le coup de l’effondrement sans fin des cours du pétrole qui enfonce la Russie dans la crise économique.
Le dollar a dépassé 80,10 roubles et atteint 80,20 roubles à la Bourse de Moscou. Le rouble ne s’est jamais échangé à ce niveau depuis que Moscou a enlevé trois zéros à sa monnaie, au moment de la grave crise financière de 1998.
Jusqu’à présent, la monnaie russe s’était maintenue au-dessus de ses pires niveaux des journées noires de décembre 2014, quand un vent de panique s’était emparé des investisseurs et des Russes et que le rouble s’était brutalement effondré avant de remonter.
L’euro est quant à lui monté jusqu’à 87,67 roubles, le plus bas niveau du rouble depuis décembre 2014. La monnaie unique européenne avait alors atteint 100 roubles.
« Le rouble qui baisse, cela signifie que l’inflation augmente, et donc une baisse des revenus des ménages, un appauvrissement de la population et une baisse du niveau de vie », a commenté l’économiste Igor Nikolaïev, de la société de conseil FBK Grant Thornton.
« Pour l’économie, cela veut dire que les investissements diminuent encore plus, que les risques se renforcent pour les investisseurs, que la situation économique est instable et incertaine », a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP.
Le pétrole représente avec le gaz plus de la moitié des revenus de l’État russe et sa chute intervient au moment où la Russie, également visée par des sanctions dues à la crise ukrainienne, espérait sortir de la récession qui l’a frappée en 2014.
Le gouvernement a déjà indiqué qu’avec un pétrole aux niveaux actuels, le produit intérieur brut devrait encore se contracter cette année et que des coupes budgétaires seraient nécessaires.
Pour les analystes de la banque Alfa, le marché est influencé par la situation de l’économie mondiale, qui ne donne pas vraiment de raison d’espérer actuellement.
Dans ses nouvelles prévisions publiées mardi, le Fonds monétaire international a réduit sa prévision pour la Russie et table sur une baisse de 1% du PIB cette année.
« Nous n’avons toujours pas de programme (...), pas de plan d’action pour sortir de la crise économique », a dénoncé l’ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, cité par l’agence de presse publique Ria Novosti.
« Jusqu’à présent, tout ce que l’on nous dit vise visiblement à nous calmer, mais peu d’efforts sont entrepris pour réaliser ces promesses », a-t-il ajouté.