On ne mesure sans doute pas bien l’importance de la manifestation d’hier (NDLR : dimanche 30 septembre 2012). contre le TSCG, l’un des trois traités qui instaurent une camisole budgétaire pour les Etats. Par cette première manifestation d’opposition à cette Europe, le peuple français rejoint la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie dans la contestation.
Les peuples européens se soulèvent
Jour après jour, mois après mois, la situation se tend en Europe. Les peuples se révoltent contre les politiques inhumaines menées par des gouvernements qui ne pensent qu’à sauver la délirante construction monétaire qu’est l’euro, fût-ce au prix de souffrances monstrueuses infligées à leurs citoyens. La révolte de la population peut aboutir à une solution démocratique. En Grèce, il s’en est fallu de peu pour que Syriza gagne les législatives de juin et suive la voie de l’Islande.
Mais en attendant, une vague d’austérité sans précédent s’abat sur l’Europe. En Grèce, le gouvernement vient de se mettre d’accord pour un nouveau plan d’économie de 17,6 milliards d’euros. Panogiotis Grigoriou évoque une véritable disparition de la classe moyenne pendant que la population manifeste en masse à Athènes. L’Espagne va mal également et a fait chuter les bourses la semaine dernière en annonçant que ses banques ont besoin de 59 milliards de recapitalisation.
Au Portugal également la situation se déteriore. Samedi, plus de cent mille manifestants se sont rassemblés à Lisbonne pour protester contre la politique du gouvernement et les nouvelles mesures d’austérité à venir pour combler les déficits. La population avait déjà fait reculer le gouvernement qui souhaitait transférer un quart des cotisations patronales sur les cotisations salariales, pour baisser le coût du travail, ce qui aurait baissé le pouvoir d’achat de 7%, comme le rapporte The Economist.
L’impasse de l’austérité arrive en France
Le pire est que cette austérité est totalement contre-productive, comme on pouvait l’anticiper en 2010 et ainsi que le souligne Paul Krugman dans son dernier livre. L’austérité déprime l’économie et tout ce qui économisé est compensé par une baisse des recettes fiscales, limitant fortement la réduction du déficit public, comme le montre Jacques Sapir. Bref, des millions d’européens perdent leur emploi, d’autres voient leur salaire baisser et cela ne résoud en rien les problèmes.
Il y a quelque chose de monstrueux à voir des gouvernements mener des politiques aussi absurdes, de plonger une partie de leur population dans la misère, alors que des prix Nobel d’économie les avertissent depuis des années qu’une telle politique est une impasse. Il est hallucinant que des gouvernements qui se disent de gauche mènent de telles politiques. Malheureusement, François Hollande est tombé dans le piège en annonçant un plan d’austérité de 30 milliards pour 2013.
La suite est connue. La France va rentrer en récession et nous compterons quelques centaines de milliers de chômeurs de plus dans deux ans. Pire, il est possible que nous ne tenions même pas l’objectif de 3% du PIB de déficit pour l’an prochain ! La contestation va grandir. L’UMP sera difficilement audible vu qu’elle propose sur ce point une politique similaire et qu’elle soutient également la camisole budgétaire. Bref, le Front de Gauche a toutes les chances de profiter de la crise.
Bien sûr, il est frustrant de voir de telles politiques appliquées et les gouvernements qui les mènent toujours en place. Néanmoins, l’issue est écrite : on ne torture pas impunément les peuples sans qu’ils ne réagissent et renversent leurs tortionnaires. Certes, cela prend trop de temps, mais cela viendra.