En pleine tempête médiatique suite aux révélation d’un de ses anciens consultants, Edward Snowden, aujourd’hui réfugié en Russie, la National Security Agency, l’agence américaine chargée du renseignement électronique et des écoutes, va prochainement changer de patron, l’amiral Keith Alexander, qui la dirige depuis 2005, devant partir en retraite.
Son successeur est connu. Le président Obama a en effet désigné le vice-amiral Michael Rogers (photo ci-dessus), 53 ans, pour le remplacer à partir de mars prochain. Cette nomination devra toutefois être confirmée par le Congrès.
Actuellement, le vice-amiral Rogers dirige l’US Fleet Cyber Command/US Tenth Fleet, c’est à dire le commandement de la marine américaine spécialisé dans les opérations dans le cyberespace.
“Il s’agit d’un moment capital pour la NSA et le vice-amiral Rogers apporte des compétences exceptionnelles et uniques à ce poste, alors que l’agence poursuit sa mission essentielle et met en oeuvre les réformes du président Obama”, a commenté Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense.
Le patron du Pentagone s’est en outre dit “confiant dans le fait que l’amiral Rogers a la sagesse nécessaire pour aider à trouver un équilibre entre les demandes en termes de sécurité, de protection de la vie privée et de liberté à l’ère du numérique”.
Comme son prédécesseur, le vice-amiral Rogers sera à la fois le directeur de la NSA et celui de l’US Cyber Command. Ce dernier, actif depuis 2010, planifie et conduit les opérations du Pentagone dans le cyberespace.
A la tête de la NSA, le vice-amiral Rogers aura à mettre en oeuvre les réformes annoncées le 17 janvier dernier par le président Obama, lesquelles viseront à mettre en place un nouveau cadre pour la collecte des "méta-données". Et peut-être aussi à gérer de possibles nouvelles révélations d’Edward Snowden, ce dernier n’ayant divulgué qu’un millier sur les 58 000 qu’il a en sa possession.
Lors d’une audition devant une commission du Sénat, le le directeur du renseignement militaire américain, le général Michael Flynn, n’a pas mâché ses mots à l’égard de l’ex-consultant de la NSA, en affirmant que ses agissements posent "une menace grave pour notre sécurité nationale".
Egalement auditionné par le même comité, James Clapper, le directeur du renseignement américain a fait valoir que les révélations de Snowden vont "bien au-delà de son inquiétude affirmée à l’égard des prétendus programmes de surveillance intérieure".
A cause de lui, les États-Unis ont "perdu des sources essentielles de collecte du renseignement à l’étranger", a-t-il expliqué. Et d’ajouter, en précisant avoir constaté des changements dans les modes de communication des groupes extrémistes : Les "terroristes et les autres adversaires de notre pays vont à l’école des méthodes du renseignement américain et ce qu’ils en retirent rend notre travail beaucoup, beaucoup plus difficile".
"Snowden affirme qu’il a gagné et que sa mission est accomplie. Si c’est le cas, je lui demande, ainsi qu’à ses complices, de rendre les documents volés qui n’ont pas encore été rendus publics afin d’empêcher tout dommage supplémentaire à la sécurité des États-Unis", a aussi lancé James Clapper.
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