La prise de fonction du président Trump a donné lieu à des scènes de violence dans les rues de Washington, mais aussi, de l’autre côté de l’Atlantique, dans nos médias abasourdis. Alors que les urnes avaient parlé, et clairement, dans la nuit du 8 au 9 novembre 2016, soixante-treize jours plus tard, le bataillon des journalistes du Média Unique n’a toujours pas avalé la pilule. Pour ceux dont la profession consiste à se rapprocher du réel, le refus de ce même réel apparaît comme un handicap majeur.
Au lieu de proposer une information factuelle, avec quelques analyses sensées – c’est tout ce qu’on leur demande, et c’est pas l’Everest –, ils ont redoublé de hargne, de rogne et de grogne contre les nouveaux occupants de la Maison Blanche, qui auraient dans leur esprit chassé à coups de fouet (fantasme anti-esclavagiste) le couple antiraciste et glamour que formaient Barack & Michelle.
Au lieu de travailler les sujets chauds bouillants que sont l’immigration mexicaine, la réindustrialisation du pays, les tensions dans le Pacifique avec la Chine (son atelier depuis 1972), le rétablissement de relations abîmées par Obama avec la Russie, la guerre commerciale avec l’Europe, la position US complexe au Proche-Orient, l’équation iranienne, le double jeu des pétromonarchies, l’avenir de l’OTAN, le système de santé et les ratés de l’Obamacare, au lieu de ça, nos journalistes lancent des fatwas contre un président qui serait illégitime et son administration qui serait un repère d’imbéciles dangereux et rétrogrades.
- Le dessin de Coco, de Charlie Hebdo, le journal qui transforme ses ennemis en monstres qui suent avec des mouches partout
Si la nouvelle administration fait effectivement la place belle à une horde de généraux à la Clint Eastwood – c’est après tout ce que désire le peuple américain, qu’on n’entendait pas beaucoup au milieu des cris et des chants grotesques des peu partageurs représentants du show-biz de la Côte Ouest –, cela ne veut pas dire que Trump va appuyer sur le bouton rouge thermonucléaire pour faire disparaître et la Chine, et la Russie.
Les conflits inter-nations, malgré leur dureté (Syrie, Kivu), ne sortent pas du domaine conventionnel. Les vraies tensions dans le monde, susceptibles de dégénérer, sont surtout à chercher du côté d’Israël, cette entité au chantage nucléaire permanent, ou sur la ligne indo-pakistanaise, chacun se dotant d’armes de plus en plus puissantes. Il est par exemple clair que les Rafale achetés à la France par l’Inde vont servir contre le Pakistan...
La cérémonie d’investiture de Trump a donc encore donné lieu à une séance de ridiculisation de notre intelligentsia, du président de la République au journaliste des Inrocks. Toute la chaîne de propagande a réagi comme un seul homme (ou une seule femme !), entre invectives, menaces et cris. L’exemple de cette gauchiste américaine à genoux, qui hurle sa rage, en est le meilleur symbole :
Au lieu d’analyser tranquillement le changement de paradigme – c’est la mode, il faut essayer de caser paradigme partout, même dans un commentaire de match de foot – qui semble-t-il a eu lieu à Washington, nos médias ou notre Média Unique s’époumone contre le vent. Parce que Trump, des insultes, il en a essuyées, et ça lui a fait une peau de crocodile. À la manière de l’igloo contre le froid : les insultes reçues forgent une carapace contre les insultes à venir.
Ceci étant dit, passons à la revue des « 10 hommes forts » par Les Inrocks, le canard que le banquier Pigasse a repris pour se payer un peu d’influence (avec Le Monde) mais qui n’en a aucune. Profitons de leur travail de dénonciation unilatérale pour décortiquer le fruit, garder la chair (l’info brute) et jeter la pelure (l’idéologie).
Un grand moment de furie propagandiste vous attend.
Homophobes, créationnistes, racistes : les 10 hommes forts de l’administration Trump
Vice-président : Mike Pence
Cet ancien gouverneur de l’Indiana se définit comme un évangéliste catholique extrêmement conservateur. Ouvertement homophobe et contre l’avortement, il assume également son penchant créationniste. Parmi ses prises de position politiques, on retiendra qu’il a défendu une loi permettant aux employeurs et aux commerçants de refuser d’embaucher ou de servir des personnes homosexuelles, juives ou musulmanes par « principes religieux ». Il a également soutenu des financements publics de thérapies pour « convertir » les homosexuels en hétérosexuels.
Secrétaire d’État et chef de la diplomatie : Rex Tillerson
C’est un autre milliardaire, PDG d’ExxonMobil, la plus grosse entreprise pétrolière et gazière au monde, qui doit accéder au plus haut rang du cabinet présidentiel américain sans avoir jamais fait de politique. Un détail, puisque sa carrière de trente ans au sein d’ExxonMobil lui a permis de nouer d’étroites relations avec Vladimir Poutine. Ce boy-scout texan devenu ingénieur aurait milité pour l’intégration des homosexuels dans le scoutisme et donné des millions de dollars à des groupes de désinformation climatique.
Procureur général : Jeff Sessions
Ultra conservateur, contre toute forme de régularisation possible pour les sans-papiers, il a été le premier sénateur américain à afficher son soutien à Donald Trump, début 2016. Sa nomination ressemble à une courtoisie pour service rendu, surtout en regardant de plus près sa carrière en droit. Ancien procureur de l’État d’Alabama, il s’est vu refuser le poste de juge fédéral en 1986, sous Reagan, à cause de propos et actes racistes en public et incompatibles avec une telle responsabilité. Il accède aujourd’hui et malgré cela au poste de ministre de la Justice.
Secrétaire au Logement et au Développement urbain : Ben Carson
Créationniste et homophobe, il devient le nouveau ministre du Logement américain après s’être présenté aux primaires républicaines puis rallié à Donald Trump. Toujours très mesuré, il parle de l’Obamacare comme du « pire fléau depuis l’esclavage » et affirme que « construire des arches telles que l’Arche de Noé » constituerait une solution envisageable face à une montée des eaux causée par le réchauffement climatique, auquel il ne croit pas franchement. À ajouter au CV de cet énergumène : il fut le premier neurochirurgien à réussir une séparation de siamois par la tête.
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