Les Verts allemands vont désigner un expert indépendant pour faire la lumière sur l’influence d’un groupe militant pour la pédophilie au sein du parti écologiste dans les années 1980.
Figure emblématique des Verts, Daniel Cohn-Bendit avait été critiqué pour des écrits douteux datant de 1975.
Jürgen Trittin, l’un des deux candidats écologistes à la chancellerie allemande en vue des législatives de septembre, a fait cette annonce lors d’une conférence de presse à Berlin. Il a admis que les Verts, mouvement fondé en 1980 et qui a participé aux gouvernements Gerhard Schröder entre 1998 et 2005, avaient pris « de mauvaises décisions » en leur temps en ce qui concerne la pédophilie.
Jürgen Trittin, aussi président du groupe écologiste à la chambre des députés, faisait référence à la décision en 1985 de la section régionale du parti en Rhénanie du Nord-Westphalie de se prononcer en faveur de l’impunité pour ceux ayant des relations sexuelles avec des enfants. Les Verts avaient ensuite échoué à entrer au parlement de cet État régional, obtenant moins de 5 % des voix.
Financement
L’analyste politique, qui n’a pas encore été désigné, devra déterminer dans quelle mesure et durant combien de temps un groupe prônant la pédophilie a pu avoir de l’influence au sein des Verts.
L’hebdomadaire Der Spiegel affirme dans sa dernière édition que la direction des Verts allemands a financé dans les années 80 un groupe de travail favorable à la légalisation des relations sexuelles entre adultes et enfants. Le magazine se base sur des archives du parti.
Interrogé par Der Spiegel, le co-président des écologistes, Cem Özdemir, a souligné : « La protection des enfants contre les abus sexuels était et demeure un point central pour nous. » « Il n’est pas acceptable que certains tentent à partir de positions passées de groupes isolés d’en conclure à une attitude laxiste des Verts vis-à-vis des abus sexuels commis sur les enfants », a-t-il ajouté.
Contexte de l’époque
Le député européen allemand Daniel Cohn-Bendit, icône de la contestation de Mai 68 en France, s’est récemment trouvé au centre d’une polémique en Allemagne pour ses écrits sur la pédophilie en 1975.
Il s’était plusieurs fois défendu contre les attaques, déclarant : « Il n’y a eu aucun acte de pédophilie. La pédophilie est un des crimes les plus abjects qui puisse exister. Il n’y a pas eu de ma part non plus de désir d’enfants. Là où il y a un grand problème, c’est mon désir de provocation », avait-il dit.
Le politologue allemand Lothar Probst, interrogé par une chaîne de télévision régionale, a estimé pour sa part qu’il fallait remettre ces positions des Verts dans le contexte de l’époque. « Je crois que c’est un exemple qui montre que dans le sillage de la levée des tabous (sexuels de cette époque) la pédophilie a trouvé un forum et de la compréhension au sein des Verts », selon lui.