Alors que les relations avec la Turquie se sont envenimées depuis l’intervention de Tsahal dans la bande de Gaza, en décembre 2008, et l’arraisonnement du Mavi Marmara au large du territoire palestinien, Israël entretient de bons rapports avec un autre pays musulman, à savoir l’Azerbaïdjan.
Ainsi, le mois dernier, l’on a appris que Bakou avait passé une commande de 1,6 milliards de dollars de matériels militaires israélien, dont un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de type Heron et des radars « Green Pine », utilisés par le système antimissile Arrow, développé en collaboration avec Boeing.
Or, comme la vente de l’Arrow à l’Azerbaïdjan aurait dû ainsi obtenir l’aval des Etats-Unis (Washington et Bakou ont cependant de bons rapports), il est probable que ces radars soient intégrés au système de défense aérienne russe S-300, en dotation au sein des forces armées azéries.
La question de savoir pour quelles raisons l’Azerbaïdjan a commandé ces radars peut se poser. Le pays est toujours en conflit – gelé – avec l’Arménie au sujet du Haut-Karabagh. Seulement, Erevan n’aurait qu’une trentaine de vieux missiles Scud B d’une portée de 300 km.
Aussi, il est probable que les dirigeants azeris, même s’ils ont indiqué que ces équipements ont été commandés auprès d’Israël dans l’éventualité d’un conflit avec l’Arménie, pensent à contrer la menace représentée par les missiles iraniens, dans le cas où Israël lancerait une opération militaire contre Téhéran.
D’ailleurs, la République islamique a demandé des assurances à l’Azerbaïdjan au sujet de cette vente d’armes. « Notre politique étrangère n’est dirigée contre personne » a déclaré le porte-parole de la diplomatie azérie, en février dernier. « Nous ne permettrons pas que le territoire azéri serve, d’une manière ou d’une autre, à des activités dirigées contre l’Iran » a pour sa part affirmé le ministre de la Défense, cité par des agences iraniennes, le 12 mars.
Reste que les relations entre Téhéran et Bakou sont compliquées. Ainsi, le régime iranien a accusé les autorités azéries d’avoir donné un coup de main au Mossad, les services de renseignement israéliens, en lui permettant de faire transiter ses agents par son territoire afin que ces derniers puissent mener des opérations en Iran.
Et, ce 15 mars, c’est au tour de Bakou de porter des accusations contre Téhéran, après l’arrestation de 22 personnes soupçonnées de préparer des attentats contre les ambassades d’Israël et des Etats-Unis en Azerbaïdjan, avec le soutien des Gardiens de la révolution.
Les supects ont été « recrutés par l’Iran à partir de 1999 ont été entraînés dans des camps militaires près de Téhéran et de Keredj, près de la capitale » ont fait savoir le ministère azéri de la Sécurité nationale. Et les accusations de ce dernier sont très précises.
Ces personnes « ont transmis à l’Iran les adresses exactes des ambassades et des organisations étrangères ainsi que celles de compagnies dont le siège de BP-Azerbaïdjan (ndlr, la filiale du groupe pétrolier britannique) », a-t-il ajouté.
Ces arrestations font suite à celles dont s’était fait l’écho la télévision d’Etat AzTV, le 21 février. Plusieurs personnes avaient été interpellées par la police azérie, pour avoir entretenu des liens avec le Hezbollah et les services de renseignement iraniens.
Reste que ce genre d’affaire n’est pas inédit. « Il n’y eut aucun difficulté pour l’Iran d’envoyer des agents en Azerbaïdjan mais ils n’y semblent impliqués que dans la collecte de renseignement. Quand la menace de bombardements israéliens ou américains des sites nucléaires iraniens devint plausible, des agents dormants furent envoyés dans beaucoup de pays. En mai 2008, l’agence de contre-espionnage azerbaïdjanaise a arrêté une telle cellule, composée de deux Libanais du Hezbollah (…) Ils avaient déjà recruté quatre personnes et préparaient des attaques contre des cibles israéliennes et américaines à Bakou » peut-on lire dans le livre très bien documenté intitulé »Le Hezbollah global » (Editons Choiseul).
Par ailleurs, l’Azerbaïdjan et l’Iran ont des intérêts divergents, comme par exemple au sujet de la mer Caspienne, laquelle recèle d’importantes réserves en hydrocarbures. En outre, les relations entre les deux pays sont d’autant plus difficiles que Téhéran compte, parmi sa population, une importante minorité azérie, évaluée entre 18 à 30 millions de personnes.