Emmanuel Leroy est le président de l’association humanitaire Urgence Enfants du Donbass, qui a déjà réalisé trois missions d’assistance aux enfants de Donetsk depuis mai 2015. Il analyse ici les causes profondes de la guerre du Donbass et de la déstabilisation de l’Ukraine, prélude à la déstabilisation de la Russie, que l’oligarchie anglo-américaine prépare depuis des décennies, voire des siècles.
« Ce n’est pas une guerre civile, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, entre Ukrainiens de l’Est et Ukrainiens de l’Ouest, c’est la suite de la guerre de Crimée de 1856, des deux Guerres mondiales et de beaucoup d’autres. Bref, c’est la poursuite du Grand Jeu de Kipling, qui ne cessera que le jour où l’idéologie anglo-saxonne aura triomphé ou plutôt, ce que j’espère, aura été vaincue. La Russie, de mon point de vue, représente aujourd’hui le dernier point de résistance contre l’Empire anglo-saxon et ses métastases, le Donbass est aux avant-postes de cette guerre sans merci. »
« La lutte pour le terrorisme nous ramenait inéluctablement vers ceux qui en sont les promoteurs, et qui utilisent la haine des musulmans salafistes contre tout ce qui n’est pas l’islam pour déstabiliser les sociétés que les USA ont décidé de détruire »
Le conflit du Donbass constitue un déchirement de l’Ukraine et un affaiblissement de la ceinture russophile préparé de longue date par les forces anglo-américaines. Pour les médias dominants, la partie ouest du pays exprimait un « désir d’Europe », la partie orientalerestant fidèle à la Russie.
En mars 2014, la Crimée, où mouille la flotte russe dans la mer Noire (Sébastopol), est rattachée à la Russie. Devant l’intervention des forces loyalistes ukrainiennes, soutenues par des mercenaires américains, une insurrection séparatiste est déclenchée. L’Union européenne prend fait et cause pour les Ukrainiens antirusses, et lève l’embargo sur les armes à leur destination. Le soulèvement de la région du Donbass, en faveur des Russes, a lieu en avril 2014.
Depuis, alternent plans de paix et violations des traités entre les belligérants. Devant le risque de déstabilisation de tout l’est européen, et la peur du grand voisin russe, la Pologne et les pays baltes en appellent à une protection de l’OTAN, qui a envoyé des troupes « tournantes » et lancé des manœuvres importantes. Au sein même de l’Union européenne, la question ukrainienne déchire : malgré la pression anglo-américaine, la France et l’Allemagne ne veulent pas briser tout lien avec la Russie.