C’est un pavé dans la mare. L’ONG israélienne B’Tselem publie un rapport édifiant, alors que Barack Obama et Benjamin Netanyahou viennent de réchauffer leurs relations, mardi, à Washington. Sans même freiner le rythme de la colonisation.
Une véritable « machine à coloniser » est en train de grignoter progressivement les territoires palestiniens de Cisjordanie. Et cela à un rythme insoupçonné. Voilà, en somme, ce que révèle un rapport stupéfiant de l’ONG israélienne B’Tselem.
En compilant des documents officiels, des enquêtes de justice, des données militaires, des cartes civiles et des vues aériennes, une équipe de B’Tselem est parvenue à cette conclusion troublante : quelque 200 000 Israéliens vivent actuellement dans les quartiers de Jérusalem-Est (annexés en 1967) et 300 000 dans le reste de la Cisjordanie. Or, si les bâtiments des 121 colonies de peuplement juives et de la centaine d’avant-postes n’occupent que 1% de ce territoire palestinien… ils permettent de contrôler plus de 42% des terres. Notamment grâce au tracé des juridictions municipales.
Un cinquième de ces colonies auraient été construites sur des terres privées palestiniennes, assure le rapport – contredisant les autorités israéliennes, qui ont longtemps affirmé développer des zones de peuplement juif sur des « terres d’Etat ». C’est là, d’ailleurs, une curieuse catégorie : B’Tselem estime qu’Israël, grâce à une lecture contestable du cadastre ottoman, a saisi 16% de la Cisjordanie depuis 1979.
L’accroissement des terres colonisables répond à la démographie galopante. Depuis les Accords d’Oslo (1993), le nombre de Juifs en Cisjordanie a triplé. « Croissance naturelle », disent les officiels. Au contraire, B’Tselem dénonce une politique délibérée. En 2006, 20% des nouveaux résidents n’étaient pas des nouveau-nés, mais des Israéliens ayant traversé la ligne verte. En 2008, la croissance était trois fois plus forte qu’en Israël.
Un aimant à colons
Pas étonnant. Les colons bénéficient de logements bon marché, d’hypothèques subventionnées, d’enseignement gratuit dès 3 ans, d’impôts réduits pour l’industrie et l’agriculture…
Le tableau dressé par B’Tselem est d’autant plus inquiétant que le moratoire partiel sur la colonisation décrété par Benjamin Netanyahou prend fin le 26 septembre. Quant au rapport, il a été soumis à l’Etat hébreu. Qui refuse de le commenter, « étant donné sa nature politique ».