Accusés depuis longtemps de diminuer la fertilité humaine, les perturbateurs endocriniens, comme le Bisphénol A, sont de plus en plus soupçonnés d’avoir d’autres effets nocifs, notamment sur le système immunitaire et la fonction respiratoire chez l’enfant, ou encore de favoriser le diabète.
« Aujourd’hui, nous commençons à avoir des confirmations chez l’homme d’un certain nombre d’effets qui étaient prouvés expérimentalement chez l’animal », explique Gérard Lasfargues, directeur général adjoint de l’Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses), à l’occasion d’un colloque à Paris sur les perturbateurs endocriniens.
Une augmentation impressionnante du nombre de diabétiques
Substances chimiques ou naturelles, les perturbateurs endocriniens, qui incluent des pesticides, des phtalates, le bisphénol A (revêtement plastique des canettes, boîtes de conserve...), interfèrent dans le système hormonal humain. « Le grand enseignement de ces dernières années est que le focus s’est élargi : on ne parlait que de l’impact sur la reproduction, on parle aujourd’hui des systèmes immunitaires, de cofacteurs vis-à-vis de certains cancers (sein, prostate), de maladies métaboliques », observe Bernard Jegou, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Pour sa part Patrick Fenichel, chercheur au CHU de Nice (Alpes-Maritimes) indique que « l’augmentation de la prévalence du diabète suit dans les dernières décennies exactement l’évolution de la production industrielle mondiale de produits chimiques. »
« On sait que la sédentarité et la suralimentation conduisent à l’obésité qui favorise le diabète de type 2. On sait que l’âge augmente le risque de diabète. Mais il n’est pas possible aujourd’hui avec ces facteurs classiques d’expliquer l’évolution impressionnante de la maladie », dit-il. En 2000, l’OMS prévoyait 330 millions de diabétiques à travers le monde en 2030. « En 2013, la fédération internationale de diabète avait déjà recensé un chiffre largement supérieur : 380 millions », déplore-t-il.