Avec 450 milliards de dollars d’économies étalées sur les dix ans à venir que doit réaliser le Pentagone, les forces amées américaines sont contraintes de revoir leurs priorités. Et pour l’US Air Force, l’exercice s’annonce délicat et pourrait même se compliquer davantage si de nouvelles coupes budgétaires sont votées. Il est ainsi question de retirer une centaine d’avions du service, voire de dissoudre des unités entières.
Le principal problème des forces aériennes américaines est d’avoir mis tous ses oeufs dans le même panier. Sa flotte d’aéronefs est vieillissante alors même qu’elle a été beaucoup sollicitée au cours de ces dernières années.
Le chef d’état-major de l’US Air Force, le général Schwartz, a détaillé ses priorités au cours d’une audition devant le Congrès. Quelles sont elles ? En premier lieu, le remplacement des avions ravitailleurs KC-135 par le KC-46 de Boeing demeure urgent, d’autant plus qu’avec les tergiversations qu’il y a eu autour de ce dossier, beaucoup trop de temps a été perdu. Pour rappel, le contrat avait été attribué une première fois en 2003, avant d’être contesté à plusieurs reprises.
L’autre sujet chaud concerne le F-35. Et là, avec les retards accumulés par ce programme, par ailleurs de plus en plus coûteux, l’US Air Force va être obligée de moderniser 300 à 350 F-16. Et 600 appareils pourraient être au final concernés. Selon le général Carlisle, le chef des opérations de l’aviation américaine, appelé également à s’exprimer devant le Congrès, il s’agit de donner à ces avions un potentiel de 8 à 10.000 heures de vol supplémentaires, soit l’équivalent de 8 années de service.
Cette décision permettrait de faire le joint avec l’arrivée du F-35, qui était initialement prévue en 2016. Désormais, il est question de 2018, dans le meilleur des cas. L’US Navy et l’US Marine Corp sont confrontés au même problème et il est envisagé de moderniser les F/A 18 Hornet.
Autre priorité, le développement d’un nouveau bombardier destiné à remplacer les vénérables B-52 et les B-2 (programme Long Range Strike – LRS). Là, les contraintes budgétaires vont encore peser. Sa certification nucléaire, qui suppose des essais plus élaborés et donc, coûteux, devrait être reportée, a indiqué le général Schwartz. « La raison est que nous essayons de contrôler les coûts » a-t-il expliqué.
Pour autant, ce nouvel avion sera conçu pour mener des missions conventionnelles et stratégiques Mais pas seulement. L’été dernier, en effet, le général Carlisle avait indiqué que ce nouveau bombardier devrait être aussi utilisé pour faire de la guerre électronique (ce qui rejoint sa capacité à pénétrer les défenses advserses), du renseignement et contrôler des drones.
Justement, ces appareils pilotés à distance sont aussi une priorité. Et plus particulièrement les MQ-9 Reaper. Mais là encore, l’US Air Force est confrontée à des problèmes dans ce domaine. Ce n’est pas le nombre de drones en service qui est en cause mais le manque de pilotes (ou d’opérateurs), au point qu’elle a été contrainte d’arrêter les cours de son école de pilotage dédiée à ces engins étant donné que ses instructeurs ont été mobilisés pour faire face, en urgence, à la pénurie.
Pourtant, les effectifs affectés à la mise en oeuvre des drones sont les plus élevés de l’US Air Force, a précisé le général Carlisle. « La communauté a grandi rapidement, elle est maintenant le plus important groupe d’aviateurs dans le service » a-t-il déclaré.
Enfin, une incertitude plane toujours sur le retrait du service des avions espions U-2. Ces derniers doivent être remplacés par des drones RQ-4 Global Hawk. Seulement, ces appareils ne sont pour l’instant pas aussi performants que ces appareils hérités de la guerre froide. Et tant que cela sera le cas, il n’est pas question de s’en séparer.