Officiellement, la France n’a envoyé que des officiers de liaison en Libye, précisément à Benghazi. Et des hommes du Commandement des opérations spéciales (COS) ont repris le contrôle de l’ambassade de France à Tripoli.
Pour le reste, il n’y a pas eu d’autres militaires français déployés auprès des insurgés libyens. Du moins, toujours officiellement. Le seul pays qui a reconnu avoir envoyé des troupes pour donner un coup de mains aux combattants du Conseil national de transition (CNT) est le Qatar.
Pourtant, quelques indiscrétions parues dans la presse d’outre-Manche donnent à penser que des commandos du Special Air Service, les forces spéciales britanniques, ont été de la partie. De même que des militaires français, si l’on en croit le témoignage recueilli par l’Agence France Presse auprès de la brigade al-Jazira.
Cette unité du CNT, composée par des volontaires originaires de l’est de la Libye, a eu pour mission de couvrir le flanc sud du front depuis la fin du mois d’avril, afin d’éviter que les combattants révolutionnaires ne soient pris par revers par les forces restées loyales au colonel Kadhafi.
Equipée de pick-up armés, la brigade al-Jazira a pourcouru des milliers de kilomètres dans le désert libyen. Il y a deux mois, à Zillah, située à 800 km au sud-est de Tripoli, elle a été la cible d’une attaque par gaz innervant. « Trois de mes hommes sont morts étouffés. D’autres ont vomi, fait des crises d’épilepsie. On ne s’y attendait pas » a confié à l’AFP son commandant, Hakim Mazeb Saadi.
Autre révélation : la présence de 4 militaires français, appartenant vraisemblablement au COS, parmi ces combattants du désert. Pendant trois mois, ils ont coordonné l’action de la brigade avec les frappes aériennes de la coalition internationale. « On était isolé dans le sud, donc l’Otan les a envoyés. Brice, Félix, Angel et Cartier », se souvient Hussein Abd Algader. « Ce sont de très bons amis » ajoute-t-il.
« Brice, c’est mon préféré (…), il est très gentil, il venait toujours nous soigner quand on était blessés » renchérit Ahmed Misrati, un autre combattant de la brigade al-Jazira. Apparemment, ces quatre militaires français, dont les patronymes ont tout l’air de pseudonymes, sont arrivés par avion sur l’aéroport de Hon, à 640 km au sud-est de Tripoli et sont repartis, il y a deux semaines, à Benghazi.
Ils avaient installé leur QG dans la salle de conférence d’un hôtel de Houn, d’où ils fournissaient les coordonnées pour les frappes aériennes. Selon le journaliste de l’AFP, des rations militaires françaises, étiquetées « Porc en salade » (par conséquent non destinées à des combattants musulmans), sont restées dans un coin de la pièce.
Quant à la brigade al-Jazira, sa mission est désormais de protéger les installations sensibles de l’oasis de Djofra, où a été localisé un important stock d’armes.