Une manifestation a tourné à l’affrontement dans la capitale libyenne, vendredi, faisant au moins 31 morts et des centaines de blessés.
Les affrontements ont débuté lorsque des manifestants se sont réunis pour réclamer le départ d’une milice armée dans le sud de Tripoli.
Les membres de la milice auraient ouvert le feu sur les manifestants. Des hommes armés auraient ensuite riposté en prenant d’assaut et en incendiant le quartier général de la milice.
« Ils ont incendié les villas [que les miliciens] occupaient pour qu’ils n’y reviennent pas. La plupart des membres de la milice se sont barricadés dans une seule villa. Mais l’étau se resserre autour d’eux », a indiqué à l’Agence France-Presse Ibrahim, un témoin sur place.
D’autres témoins auraient aperçu une colonne de fumée qui s’élevait du quartier. Des images diffusées par la télévision privée Al-Nabaa ont montré des manifestants qui prennent la fuite pendant que d’autres transportent des victimes ensanglantées.
Il y aurait des victimes tant du côté des manifestants que du côté des miliciens. Un porte-parole du ministère de la Santé n’était cependant pas en mesure de les distinguer.
Les combats se sont poursuivis jusqu’à la tombée de la nuit. Des camions de l’armée sont arrivés sur place afin de séparer les deux camps. « Nous demandons à toutes les factions armées un cessez-le-feu pour que le gouvernement puisse [...] rétablir le calme dans la capitale », a indiqué le gouvernement, appelant la population à éviter le quartier Gharghour, où ont eu lieu les heurts.
« Nous allons annoncer une grève générale et entrer dans la désobéissance civile jusqu’au départ de ces milices », a cependant averti Sadat al-Badri, président du Conseil local de Tripoli (équivalent de la mairie). Il affirme également que les manifestants étaient pacifiques avant les tirs des miliciens. Un chef de milice a pour sa part affirmé que ce sont les manifestants qui ont tiré en premier.
Des milices « incontrôlables »
Plusieurs milices libyennes lourdement armées prolifèrent depuis la guerre civile de 2011. Ces milices sont pour la plupart formées par des rebelles qui se sont soulevés contre Mouammar Kadhafi.
Le gouvernement peine à imposer son autorité auprès de ces groupes qui refusent d’être désarmés. Au cours des derniers mois, il y a eu plusieurs affrontements entre milices rivales. Les résidents de Tripoli manifestent pour leur part régulièrement contre ces différents groupes.
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