Les incidents concernant le paiement des soldes causés par le raccordement du système de gestion des ressources humaines de l’armée de Terre au Logiciel Unique à Vocation Interarmées de la Solde (LOUVOIS) donnent lieu, pour certains militaires, à des situations pour le moins dramatiques .
Et ces dernières bénéficient d’une couverture médiatique de plus en plus importante depuis que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a décidé de prendre fermement le dossier en main pour tenter de le régler définitivement.
Après le témoignage, dans les colonnes du Midi Libre, d’un sous-officier de la Légion étrangère aux prises avec des problèmes financiers impossibles, le quotidien La Dépêche a relaté le cas de l’épouse d’un militaire du 48ème Régiment de Transmissions, implanté à Agen.
Et là encore, les problèmes de soldes sont aussi nombreux que dans d’autres régiments. “Nous, nous estimons notre préjudice à environ 3 000 € depuis un an et demi” a d’abord indiqué cette femme. “Évidemment, nous ne mettons pas en cause les unités, et d’ailleurs officiers, sous-officiers comme le simple soldat sont logés à la même enseigne. Mais pour ceux qui ont les soldes les plus petites, le préjudice financier est terrible” a-t-elle ajouté.
Après avoir expliqué que les premiers incidents ont eu lieu quand son mari était en opération extérieure, avec deux mois “payés moitié prix” et qui n’ont pas toujours été régularisés depuis, ce sont maintenant “des soldes qui ont été incomplètes de quelques centaines d’euros.” Et à force, cela s’ajoute aux difficultés financières et, les impayés s’accumulant, “l’on se retrouve au tribunal…”
Car le couple fait l’objet d’une procédure d’expulsion de son logement, faute de pouvoir honorer ses loyers. Pour le moment, l’affaire, examinée par le tribunal d’Agen, a été renvoyée à la mi-novembre.
Quant à l’initiative de créer un centre d’appels pour tenter de régulariser ces incidents de soldes, cette épouse de militaire est plutôt dubitative. “L’armée a mis en place un numéro vert, ça oui on peut parler mais l’argent, lui, on ne le voit toujours pas…” a-t-elle affirmé.
Et comme l’on peut se l’imaginer, cette situation peut avoir des effets désastreux sur le milieu familiale des militaires victimes de ces incidents. “La vie quotidienne est pourrie par le risque qui plane sur chaque fin de mois. Comme une épée de Damoclès. Quand on est seule avec ses enfants, que le mari se bat au loin, on se sent abandonnée. Et même quand le couple est uni, les prises de bec sont fréquentes. On est tous sous tension” explique l’épouse de ce soldat du 48ème RT. “Il faut que cela cesse” a-t-elle imploré.
Ces difficultés rencontrées par ces familles seront très certainement abordée lors du premier comité d’utilisateur qui aura lieu le 23 octobre prochain, dans le cadre du plan d’action lancé par le ministre pour règler ces problèmes de soldes. Au moins 3 épouses de militaires y seront conviées.
“Pour pallier les dysfonctionnements de LOUVOIS, il faudrait en effet utiliser les dispositifs liés à l’action sociale” a affirmé Jean-Paul Bodin, le secrétaire général pour l’administration du ministère de la Défense, lors de son audition par la commission Défense de l’Assemblée nationale.
Qui plus est, outre les problèmes des soldes tronquées, M. Bodin a fait état de “sommes trop versées, certaines indemnités ayant été payées deux fois”, ce qui pourrait poser des problèmes au moment de remplir les déclarations d’impôt… Enfin, vaut mieux avoir un trop perçu que de ne rien percevoir… “J’espère que le fait que l’affaire prenne de l’ampleur permettra à tous de se mobiliser à la recherche de solutions” a conclu le SGA, qui avait auparavant admis l’existence de “très grosses inquiétudes” avant le passage à Louvois de l’armée de Terre.