Le bilan humain et matériel du passage de Chido sur Mayotte s’annonce déjà très lourd. Il va être d’autant plus élevé que le département français de l’archipel des Comores est moins habitué aux cyclones que d’autres territoires de cette partie de l’océan Indien.
Les météores, qui se forment principalement entre décembre et mars, l’été dans l’hémisphère Sud, ne balaient pas souvent le 101e département français. Ses 321.000 habitants, selon le dernier recensement, sont moins préparés à les encaisser que ceux de La Réunion, touchée par des tempêtes tropicales plusieurs fois par saison.
Mayotte a joué de malchance, en se trouvant exactement sur la trajectoire de Chido. Elle a été exposée aux vents les plus violents, ceux qui tournent autour de l’oeil du cyclone. Lequel, heureusement, se déplaçait rapidement : l’île y a été exposée quelques heures seulement, dans la matinée de samedi. Lorsqu’ils transitent lentement, les cyclones déversent souvent d’énormes quantités de pluie, qui, sous les tropiques, ont des conséquences encore plus dévastatrices que le vent.
Autoconstruction et immigration clandestine
L’habitat mahorais moderne est censé avoir été construit dans le respect des normes anticycloniques, qui lui permettent de résister à des rafales de la puissance de celles de Chido. Mais l’autoconstruction est une tradition à Mayotte, et elle a pris de l’ampleur au cours des dernières décennies, en même temps que l’immigration clandestine en provenance des Comores voisines.
Les nouveaux arrivants se sont d’abord installés dans les interstices, puis leurs bidonvilles ont commencé à recouvrir des collines ; notamment celles qui dominent la zone d’activités économiques de Kaweni, aux portes de Mamoudzou, le chef-lieu. Elles offrent depuis samedi après-midi un spectacle de désolation. Selon l’Insee, près de la moitié des habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers y sont nés.
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La géographie mahoraise ne facilite pas l’organisation des secours. Le département est distant de 1.500 kilomètres de La Réunion, l’autre terre française de la région, d’où sont organisées une partie des opérations. L’aéroport de Mayotte a été durement touché, sa tour de contrôle a été dévastée et la date de la reprise des vols commerciaux en provenance de La Réunion ou à destination de Paris n’est pas connue. Les avions militaires peuvent toutefois se poser sur la piste de Pamandzi.
La priorité des autorités est de rétablir la circulation entre le port de Longoni et Mamoudzou, d’une part, et les rotations des barges qui font quotidiennement la navette sur le lagon, entre Petite-Terre et Grande-Terre. Les forces de l’ordre sont, de plus, confrontées à des pillages de commerces, d’entreprises et de maisons éventrées, phénomène dont l’ampleur n’est pas mesurée à cette heure.
Prise de conscience
Une partie de la population mahoraise s’apprête à vivre les jours difficiles d’après-cyclone, accueillis par des proches pour ceux qui ont perdu leur toit, dans l’attente du rétablissement des réseaux : électricité, téléphone et surtout eau potable, élément vital pour la sécurité sanitaire dans une situation aussi dégradée. De nombreux habitants des bidonvilles ont trouvé refuge dans des centres d’hébergement aménagés à la hâte, notamment dans des écoles.
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Le relogement des dizaines de milliers de personnes, qui ont tout perdu dans la destruction de leurs modestes cases en tôles, annonce des problèmes vertigineux. Les sinistrés sont en grande partie des clandestins, qui se heurtent à l’hostilité grandissante des Mahorais. Le département avait connu en début d’année plusieurs semaines de paralysie et de manifestations contre l’immigration illégale.
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