Mediapart vient de publier des enregistrements de conversations sur les violences du 1er mai entre Alexandre Benalla et Vincent Crase [1], l’ancien gendarme aussi accusé d’avoir frappé des manifestants. Il évoque notamment le soutien que Macron lui aurait manifesté.
Le site Mediapart a publié ce jeudi des enregistrements de conversations d’Alexandre Benalla avec Vincent Crase, l’ancien gendarme employé au siège de La République en marche, accusé lui aussi d’avoir frappé des manifestants le 1er mai 2018 à Paris.
Les enregistrements ont été publiés sur le site, où l’on peut notamment entendre :
Alexandre Benalla, badin : « Truc de dingue, le "patron" [c’est ainsi qu’il surnomme Emmanuel Macron — ndlr], hier soir il m’envoie un message, il me dit : "Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi. Je suis avec Isma [Ismaël Emelien, conseiller spécial du Président — ndlr], etc., on attend Le Monde, machin, etc." »
Vincent Crase : « Donc le "patron" nous soutient ? »
Benalla : « Ah bah, il fait plus que nous soutenir […]. Il est comme un fou […]. Et il a dit comme ça, il a dit, il m’a dit : "Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux." C’est énorme quand même. »
Dans une autre conversation, l’ancien chargé de mission de l’Élysée se « vante » aussi d’avoir provoqué des commissions parlementaires à son âge :
Benalla : « C’était un film l’histoire quand même, hein ? »
Crase : « Ah bah, c’est un cauchemar, oui ! Un film d’horreur. »
Benalla : « C’est une bonne expérience […]. À 26 ans, si tu veux, y a pas grand monde qui vit… qui provoque deux commissions d’enquête parlementaires, qui bloque le fonctionnement du parlement… »
Crase : « Ça te fait rire ? »
Lors des perquisitions au siège de En Marche !, Vincent Crase évoque l’idée d’aller « nettoyer » leurs locaux.
Crase : « J’essaierais bien d’y aller cette nuit, mais le problème, c’est qu’il y a des flics devant… ».
Interrogé sur qui le soutient, il répond sans détour :
« Par le Président, madame [Brigitte Macron — ndlr], Ismaël [Emelien — ndlr], qui me conseille sur les médias et compagnie. »
RTL a affirmé mercredi que Vincent Crase avait révélé que les deux hommes avaient été « victimes d’un règlement de compte entre policiers et gendarmes qui étaient d’une jalousie inouïe à l’encontre d’Alexandre Benalla. Ils ne supportaient pas qu’un gamin de 26 ans puisse diriger le service de sécurité de l’Élysée […]. C’est Emmanuel Macron qu’ils voulaient atteindre ».
L’ancien conseiller d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla a été licencié pour avoir procédé à des interpellations violentes le 1er mai 2018 sur la place de la Contrescarpe dans le Ve arrondissement de Paris. Le 29 décembre, le parquet de Paris a lancé une nouvelle enquête préliminaire contre M.Benalla, notamment pour « abus de confiance » et « usage sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle » à la lumière des révélations faites par Mediapart sur les voyages que l’ancien chargé de mission de l’Élysée avait effectués avec ses passeports diplomatiques après son licenciement.
Un policier, acteur clé dans l’affaire Benalla, en « burn-out » à l’hôpital...
Alain Gibelin, haut gradé de la police, qui avait contredit l’Élysée dans l’affaire Benalla, avant de revenir sur ses propos, est actuellement hospitalisé. D’après un journaliste du Point, il serait victime d’un « burn-out avec complication médicale ».
C’est un événement qui n’a pas fait grand bruit dans la presse. Le directeur de l’ordre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris, Alain Gibelin, est actuellement hospitalisé, d’après les informations d’un journaliste du Point. Aziz Zemouri, qui officie pour l’hebdomadaire, a donné des nouvelles du fonctionnaire sur Twitter, le 29 janvier peu avant minuit :
« Alain Gibelin, directeur de l’ordre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris a fait un burn-out avec complication médicale. Il a été hospitalisé en fin de semaine. Il s’était fait connaître du grand public lors de ses auditions et revirements dans l’affaire Benalla. »
Le journaliste ajoute le hashtag #nocomplot à son tweet, comme pour prévenir les aficionados de théories fumeuses. Alain Gibelin, haut gradé né en 1962 à Mende, s’est fait connaître lors de l’affaire Benalla, du nom du jeune homme de 27 ans, ex-chargé de mission à la présidence de la République, notamment accusé d’avoir usurpé la fonction de policier et d’avoir frappé un couple de manifestants lors du rassemblement du 1er mai 2018 à Paris.
Lors de l’une des auditions qui avaient suivi l’événement, Alain Gibelin s’était signalé en contredisant les affirmations de l’Élysée… Avant de revenir sur ses dires.
Rappelons les faits de manière chronologique : le 19 juillet, l’ex-porte-parole de l’Élysée Bruno Roger-Petit assurait qu’Alexandre Benalla avait « demandé l’autorisation d’observer les opérations de maintien de l’ordre pour le 1er mai », autorisation qui lui avait été donnée car « il agissait dans le cadre d’un jour de congé et ne devait avoir qu’un rôle d’observateur ».
« M.Benalla ne bénéficiait d’aucune autorisation de la préfecture de police pour être sur cette manifestation » en tant qu’« observateur », le contredisait le 23 juillet Alain Gibelin, s’adressant à la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale.
Interrogé par Marine Le Pen, le policier avait également affirmé qu’Alexandre Benalla avait été présent à des réunions de ses services entre le 4 et le 19 mai. Problème, pendant cette période, le proche d’Emmanuel Macron était censé être suspendu par l’Élysée. « L’information de cette sanction ne nous a jamais été transmise », avait alors déclaré Alain Gibelin.
L’Élysée avait formellement démenti dans la foulée, affirmant qu’Alexandre Benalla n’avait « participé à aucune réunion durant sa période de suspension ».
Le 24 juillet, le lendemain, retournement de situation. Le Figaro révélait que Yaël Braun-Pivet, présidente La République en marche (LRM) de la commission des lois de l’Assemblée nationale, avait reçu une lettre signée d’Alain Gibelin. Il revenait alors sur certaines de ses déclarations de la veille, disant avoir mal compris Marine Le Pen et les dates citées « à cause du bruit dans la salle ». Le haut gradé avait demandé une nouvelle audition, requête acceptée le 26 juillet. Il avait alors parlé d’une « erreur » de compréhension lors de la précédente audition.
« Cela fait trente-trois ans que je me suis engagé au service de la République, […] c’est mon honneur qui est en jeu ! », avait-il lancé.
(Source : fr.sputniknews.com)
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