La mission Aigle a été lancée le 28 février, quatre jours après l’invasion russe de l’Ukraine, avec pour rôle de « renforcer la posture défensive et dissuasive de l’Otan » et de « consolider la protection du flanc est de l’Europe ». L’état-major français assure le commandement de l’opération, qui s’appuie également sur la présence de militaires belges et néerlandais. Cela fait donc huit mois que la France a investi ce camp d’instruction appartenant à l’armée roumaine. Les conditions de vie y sont pourtant toujours précaires.
Pas d’autre choix que ce citer des parties de cet intéressant article de Mediapart, le média en ligne qui est en train de bouffer, littéralement, le Canard enchaîné. Il est question de l’état de nos soldats qui ont été envoyés en Roumanie, sur le flanc dit sud de l’OTAN. Derrière les grandes déclarations de notre généralissime en chef, l’enfant qui occupe l’Élysée, il y a la réalité du terrain. Accrochez vos ceinturon Famas (même si notre arme de guerre a changé au profit d’un outil allemand), et écoutez ce qui suit.
Le quotidien des plus de 700 soldat·es français·es qui vivent dans le camp de Cincu est en réalité bien moins glorieux que les discours officiels – qui répètent à l’envi l’engagement sans faille de la France – ne le laissent penser. Nourriture insuffisante, locaux en partie insalubres, chauffage aléatoire… Les conditions de vie y sont jugées indignes par nombre de militaires pourtant habitué·es aux opérations extérieures (« opex »). Ils et elles craignent que l’hiver qui vient n’empire encore les choses.
L’état-major français des armées assure de son côté que les conditions de vie de ses militaires sont une « préoccupation permanente » et met en avant les améliorations intervenues depuis le déploiement français. Il renvoie, implicitement, la responsabilité des dysfonctionnements aux militaires roumains qui mettent le camp de Cincu à disposition des Français·es. « La projection inopinée d’une force importante induit le plus souvent des conditions de soutien rustiques dans sa phase initiale de déploiement, a-t-il ainsi répondu à nos questions. Elle nécessite généralement de s’appuyer sur les capacités existantes de la nation-hôte avant de gagner progressivement en autonomie dans l’optique d’un détachement qui s’inscrit dans la durée, assorti d’infrastructures adaptées. »
Désolés pour l’écriture inclusive, mais à travers les mots de Mediapart, on comprend que l’armée française n’est pas au niveau. La bouffe des soldats est dégueulasse, l’eau et l’électricité manquent, les conditions de logement sont médiocres, on est loin d’une armée au moral d’acier. L’état-major essaye de sauver les meubles avec de la com’, mais en bas, ça ne trompe personne.
« J’ai faim, j’ai froid, j’ai sommeil », résumait, le 27 octobre, un militaire de la mission Aigle à l’un de ses proches dans un message WhatsApp que nous avons pu consulter. Beaucoup craignent l’hiver qui arrive. En décembre et janvier, les températures peuvent descendre jusqu’à − 30 °C à Cincu. Les travaux qui doivent améliorer les conditions de logement sur le camp (qui devrait accueillir mille hommes et femmes d’ici à la fin de l’année) sont d’ores et déjà rendus compliqués par les conditions météorologiques, assure un soldat français.
La conclusion est sans appel :
Parmi ceux qui ont fait part à leurs proches de leur colère figurent un militaire ayant effectué 15 opérations extérieures qui dit n’avoir « jamais vu un bordel pareil », un sous-officier aux sept opex qui estime avoir été « bien mieux loti au Mali » et un officier « dégoûté au point de ne plus vouloir partir en mission ».
Les soldats français déployés en Roumanie ont « froid » et « faim »https://t.co/laK73NArzF pic.twitter.com/fb0P4YIWjI
— Sined Warrior (@SinedWarrior) November 4, 2022