La chancelière allemande Angela Merkel a exclu samedi dans un entretien à la presse un "nouvel effacement" de la dette de la Grèce comme le souhaite le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras.
"Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce", a justifié la dirigeante allemande dans un entretien au Hamburger Abendblatt. "Je ne vois pas de nouvel effacement de la dette", a ajouté Mme Merkel.
Début 2012, la Grèce avait procédé à une opération d’échange de dette : les créanciers privés avaient vu leurs titres remplacés par d’autres moins rentables. Quelque 100 milliards d’euros de dette ont ainsi été effacés. Mais le pays, sous assistance financière internationale depuis 2010, croule toujours sous le poids d’une dette qui atteint quelque 175% de son Produit intérieur brut (PIB).
« Gardez vos 7 milliards ! »
Bluff, inconscience ou vraie détermination, le gouvernement grec s’est montré prêt vendredi, pour en finir avec la troïka, à renoncer à sept milliards d’euros attendus de l’UE fin février, alors que les caisses de l’État sont déjà fragilisées, ramenant les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a réitéré en effet officiellement devant le patron de la zone euro Jeroen Dijsselbloem des propos tenus par le premier ministre Alexis Tsipras et par lui-même depuis quelques jours. La Grèce veut bien avoir "la plus grande coopération avec les institutions", comme l’UE, la BCE ou le FMI, mais elle n’a plus "l’intention de collaborer" avec ce qu’il a appelé "une délégation tripartite, anti-européenne, construite sur une base branlante", la troïka.
Depuis 2010, ces experts, issus des trois grandes institutions, se rendent régulièrement à Athènes pour dicter au gouvernement les réformes qu’il doit entreprendre, en échange des 240 milliards d’euros qui lui ont été en grande partie versés pour sauver le pays de la faillite. Cette présence régulière, sous haute surveillance policière, était devenue assez intolérable aux Grecs, premières victimes de la crise avec un chômage à plus de 25%, et des salaires divisés par deux. Ils y voyaient une infantilisation de leur pays.
Solidaires avec la Grèce
"L’Europe va continuer de montrer sa solidarité à la Grèce comme aux autres pays particulièrement touchés par la crise si ces pays entreprennent des réformes et des mesures d’économies", a poursuivi la dirigeante, adepte de l’orthodoxie budgétaire rejetée par les nouvelles autorités à Athènes. Interrogée sur les premières annonces du gouvernement de M. Tsipras comme l’augmentation du salaire minimum et l’embauche de fonctionnaires, Angela Merkel a souligné : "Nous, c’est-à-dire l’Allemagne et les autres partenaires européens, nous attendons de voir avec quel concept le nouveau gouvernement grec vient vers nous".
M. Tsipras, qui a prévu de se rendre en Italie et en France mardi et mercredi, souhaite une renégociation de la gigantesque dette de son pays. Mais il s’oppose à une fin de non-recevoir de dirigeants européens qui ne cessent de rappeler la Grèce à ses engagements, en particulier l’Allemagne. Aucune visite du nouveau Premier ministre grec n’est pour le moment prévu à Berlin.