Le principal syndicat des chefs d’établissements, le SNPDEN-Unsa, « s’étonne » lundi que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et le Mémorial de la Shoah apportent « leur caution morale » à Catherine Pederzoli, une enseignante de Nancy qui a été suspendue.
Mme Pederzoli, 58 ans, professeur d’histoire au lycée Henri-Loritz de Nancy, qui organisait des visites dans des camps de concentration, a été suspendue par le recteur depuis la rentrée, sur la foi d’un premier rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale (Igen) et « à la suite de dysfonctionnements graves au sein de l’établissement », selon le ministère de l’Education nationale.
« Le SNPDEN s’étonne que le Crif et le Mémorial de la Shoah, sans doute mal informés, puissent apporter leur caution morale à Mme Pederzoli (...) en participant à ses côtés à un débat laissant penser que sa suspension aurait été due au fait qu’elle enseignait la Shoah », a-t-il écrit dans un communiqué.
« Il est évidemment de l’intérêt de Mme Pederzoli de le laisser croire, car les poursuites disciplinaires dont elle est l’objet sont consécutives à des manquements graves et volontaires dont rien de moins qu’une falsification de documents officiels », a-t-il ajouté.
Un débat, intitulé « Peut-on encore enseigner l’histoire de la Shoah en France ? », est prévu mardi à Paris.
Outre Mme Pederzoli, y sont annoncés Richard Prasquier, le président du Crif, et Iannis Roder, professeur d’histoire, responsable de la formation au Mémorial de la Shoah.
« Il est regrettable que certains, souvent de bonne foi mais ne vérifiant pas leurs informations, puissent continuer de se laisser ainsi abuser : le fait qu’il s’agissait d’un voyage lié à l’enseignement de la Shoah n’a pas à modifier l’appréciation des faits et son utilisation par Mme Pederzoli pour le faire ne peut que choquer tous ceux qui y sont attachés », a ajouté le SNPDEN.
Le rapport de l’Igen avait entraîné une polémique : il y était reproché à Mme Pederzoli de privilégier le terme « Shoah » à celui de « génocide » et d’avoir consacré trop de temps à des visites d’anciens camps de concentration.
Le ministre Luc Chatel avait critiqué des passages de ce rapport « particulièrement inappropriés », qui « relèvent d’une maladresse inacceptable » et « ont pu prêter à des interprétations erronées ».
Il a demandé la remise d’un rapport final et précisé que la suspension avait bien été décidée « à la suite de dysfonctionnements graves ».Le rapport définitif a été reçu le 20 septembre par le recteur de Nancy-Metz, mais n’a pas été rendu public.