Ajourné à deux reprises en raison de la santé chancelante de l’accusé, le procès d’Hubert Zafke, un ancien infirmier d’Auschwitz de 95 ans, doit reprendre lundi en Allemagne.
Le procès a déjà été ajourné à deux reprises depuis février. La comparution d’Hubert Zafke, un ancien infirmier d’Auschwitz, doit reprendre ce lundi au tribunal de Neubrandenbourg, en Allemagne. La reprise de l’audience reste toutefois suspendue à l’avis préalable d’un médecin urgentiste. Car l’accusé, aujourd’hui âgé de 95 ans, souffre d’une santé chancelante. Cette dernière est l’objet d’une querelle d’expert qui retarde depuis un an la tenue d’un procès. « Hypertension », « pensées suicidaires », « réaction de stress » : le dernier diagnostic qui date du mois de mars avait entraîné le renvoi de l’audience jusqu’au mois de septembre. « Mon client est mourant et se trouvera bientôt devant le juge suprême », s’était offusqué son avocat, Peter-Michael Diestel, interrogé par l’AFP à l’ouverture du procès.
Pendant de longues années, Hubert Zafke est parvenu à échapper à la justice. Il vivait depuis 1951 à proximité de Neubrandenbourg, où il a eu quatre fils. Il a travaillé jusqu’à sa retraite dans les moulins locaux, chargé de la lutte contre les animaux nuisibles. Derrière cette vie d’apparence banale se cache un passé inavouable. Hubert Zafke est en effet suspecté de complicité dans l’extermination d’au moins 3681 hommes, femmes et enfants juifs gazés dès leur arrivée dans le camp entre le 15 août et le 14 septembre 1944. L’acte d’accusation couvre l’arrivée de 14 convois de déportés en provenance de Lyon, Rhodes, Trieste, Mauthausen, Vienne et Westerbork. À bord de ce dernier train figuraient notamment la jeune Anne Frank et sa famille.
Le nom d’Hubert Zafke apparaît ainsi dans une liste d’une dizaine d’anciens criminels nazis encore libres, identifiés en 2016 par le Centre Simon-Wiesenthal. Cette organisation qui s’est spécialisée dans la traque des derniers criminels nazis s’est lancée depuis 2002 dans une « Opération Dernière chance » en vue de les faire condamner par la justice. Si les procédures se sont multipliées en Allemagne ces dernières années, aucun d’entre eux n’a pour le moment terminé derrière les barreaux. Certains échappent toujours à leur condamnation dans un pays étranger, tandis que d’autres n’ont même jamais été jugés.
Voici, outre le cas d’Hubert Zafke, « les dix criminels nazis les plus recherchés » par le Centre Simon-Wiesenthal :
Helma MASS – Elle est la seule femme présente dans la liste établie par le centre Simon Wiesenthal. Helma Mass vit à présent dans une maison de retraite à Neumünster, à environ 100 kilomètres au nord de Hambourg, où le quotidien Die Welt a retrouvé sa trace.
Selon l’acte d’accusation, consulté par le quotidien allemand, durant la guerre, la jeune femme aspirait par-dessus tout à devenir SS. D’avril et juin 1944, ses désirs sont exaucés. Après un passage à la SS-Nachrichtenschule (école des transmissions pour sous-officiers SS), cette Allemande sert brièvement comme opératrice radio à Auschwitz. La période correspond à l’« Opération Hongrie » : l’extermination massive des Juifs hongrois, à un rythme que jamais les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau n’avaient atteint auparavant. Sa fonction, aussi anodine qu’elle peut paraître, comprenait par exemple la commande par radio du Zyklon B, un gaz mortel.
À présent âgée de 92 ans, Helma Mass doit être jugée cette année par un tribunal de Kiel sous le chef de « complicité de meurtres aggravés ». Aucune date n’a été fixée à son procès. Là encore, la tenue de l’audience est suspendue à un avis médical.