La motion a été approuvée par 174 des 342 députés. Imran Khan est le premier chef de gouvernement pakistanais à chuter à la suite d’un vote de défiance.
Le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, a été renversé, samedi 9 avril, par une motion de censure, votée à son encontre par l’Assemblée nationale, à l’issue de plusieurs semaines de crise politique. Malgré deux ajournements dans la journée, la manœuvre de M. Khan pour se maintenir au pouvoir au Pakistan a échoué.
La motion a été approuvée par 174 des 342 députés, a annoncé le président par intérim de la chambre, Sardar Ayaz Sadiq. Aucun Premier ministre n’est jamais allé au bout de son mandat au Pakistan, depuis l’indépendance du pays, en 1947, mais M. Khan est le premier à chuter sur un vote de défiance.
Il était devenu Premier ministre en 2018. Son successeur à la tête de cette république islamique de 220 millions d’habitants dotée de l’arme nucléaire devrait être Shehbaz Sharif, le leader de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N).
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Accusé de complaisance envers les extrêmes
Ses efforts pour positionner le Pakistan en acteur régional incontournable n’ont guère porté non plus. Les liens avec Washington et les pays européens se sont distendus, notamment sous l’effet de ses diatribes contre l’islamophobie, déguisée à ses yeux en Occident sous les traits de la liberté d’expression. Islamabad s’est encore plus rapproché de la Chine. Et la visite officielle à Moscou d’Imran Khan le jour même du déclenchement de la guerre en Ukraine lui a valu nombre de moqueries.
Ce fils d’une riche famille de Lahore, diplômé d’Oxford, marié trois fois après avoir entretenu, pendant sa carrière sportive, une réputation de play-boy, s’est aussi vu reprocher sa complaisance envers les religieux radicaux. Marié en troisièmes noces en 2018 avec Bushra Bibi, issue d’une famille conservatrice et qui porte le voile, il a défendu avec véhémence la controversée loi sur le blasphème.
En novembre, son gouvernement a levé l’interdiction pesant sur le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), décrétée en avril à la suite de violentes manifestations anti-françaises organisées par ce parti islamiste, qui dénonçait le soutien apporté par la France au droit de caricaturer, y compris le prophète Mahomet.
Souvent accusé d’avoir restreint l’espace d’expression de la presse, Imran Khan a aussi suscité l’indignation des organisations féministes en établissant plusieurs fois un lien entre le viol et la manière de s’habiller des femmes, dans un pays où les violences sexuelles sont courantes.