D’habitude, cette vision française du tropisme russe n’éclaire que sa partie occidentale, en oubliant l’extrême orient russe qui voisine avec l’Alaska, le Japon. Dans la nouvelle manche du grand jeu, ne pourrait-on pas réfléchir à l’exemple donné par la stratégie britannique qui désira alléger l’Asie Centrale du Grand Jeu, en s’alliant avec le Japon lors de la guerre Russo-Japonaise de 1904-1905. A contrario, le Japon qui a bu maintenant sa testostérone impérialiste depuis longtemps met de l’eau dans son saké, devant les diktats violents de la finance internationale, et il faut voir dans la très récente réunion entre le premier ministre japonais et le chef de l’état russe, un événement d’importance essentielle, où finalement le problème des Kouriles sera lustré dans le sens du poil, pour envisager d’équilibrer les importations russes de machines-outils et de haute technologie allemandes par un apport nippon, afin de desserrer l’étreinte adultère américano-germanique et d’inviter les allemands à retrouver leurs fondamentaux géopolitiques si ce n’est Bismarckiens, tout au moins pré-gehleniens, c’est-à-dire pour appeler un chat un chat, le pacte de non agression germano-russe, garantie de la stabilité du continent eurasiatique, que le jeune morveux Guillaume II envoya voler en éclats, en virant Bismarck favorable au renouvellement de ce pacte de non agression germano-russe, après la mort subite de son père et celle de son grand-père Guillaume Ier. Avec ce pacte, la France n’aurait pas bronché en 1914 devant les canons Krupp pour l’Alsace et la Lorraine. Le suicide de l’Europe n’aurait pas eu lieu. Son non renouvellement est une cause première et fondamentale de la première guerre mondiale. L’Europe défunte à Stalingrad voudrait y renaître de ses cendres. L’anti-germanisme de circonstance actuel de François Hollande serait-il un effort en ce sens ? Voyons-nous surgir l’ombre du spectre effrayant entre tous pour la Thalassocratie, la mise en place en pointillés, d’un axe naturel Paris, Berlin Moscou Tokyo, si cher à Douguine ? La réaction sera-t-elle une tentative américano-chinoise de schlieffenisation chinoise du continent eurasiatique ? Ce sont des questions de géopolitique plus globale qui se posent de nos jours, et voir la destinée de l’Eurasie depuis Brest ne devrait pas priver le marin français d’une vision de ce même continent eurasiatique depuis le Kamtchaka, dans un contexte de sanctuarisation de la mer d’Okhotsk, d’ouverture du passage du Nord Est.
Répondre à ce message