Une Commission du Parlement européen s’est prononcée cette semaine, lors d’un vote à huis clos, pour la levée de l’immunité parlementaire de la présidente du Front national français, Marine Le Pen, a annoncé samedi un porte-parole de l’institution, confirmant une information de la BBC.
"Le vote de la commission des Affaires juridiques du Parlement européen a valeur de recommandation. La décision finale sera prise le 11 juin en session plénière", a précisé Jaume Duch, le porte-parole.
D’après une source proche du dossier, le vote a été très défavorable à la présidente du FN.
La France avait demandé en novembre 2012 au Parlement européen de lever l’immunité parlementaire de Marine Le Pen, après des propos tenus en 2010 établissant un parallèle entre les prières de rue des musulmans et l’Occupation allemande.
La commission des Affaires juridiques du Parlement devait examiner le dossier et donner un premier avis consultatif. Son rôle n’était pas de se prononcer sur le fond mais sur les motivations qui ont conduit les autorités françaises à engager ces démarches.
Le 10 décembre 2010, s’exprimant devant des adhérents du Front national, Mme Le Pen, alors candidate à la présidence du parti fondé par son père, avait dénoncé les prières de rue des musulmans : "Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire".
Ces propos avaient soulevé un tollé politique et le parquet de Lyon avait ouvert une enquête préliminaire pour incitation à la haine raciale, après le dépôt d’une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Mme Le Pen avait ensuite affirmé que cette enquête avait été classée sans suite par le parquet.
Mais une plainte avec constitution de partie civile pour provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion, émanant cette fois du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), a déclenché l’ouverture d’une information judiciaire.
Interrogé par l’AFP, Florian Philippot, vice-président du FN a fait valoir qu’il fallait attendre le vote (définitif) du Parlement européen. Il a toutefois jugé que ce serait inouï si Marine Le Pen perdait son immunité pour avoir dit la vérité sur les prières de rue qui existent toujours.
"Les Français n’aiment pas qu’on leur cache la vérité", a-t-il prévenu.
Si Mme Le Pen perdait son immunité parlementaire, elle connaîtrait donc le même sort que son ancien rival pour la présidence du FN, Bruno Gollnisch.
Ces dernières années, ce dernier, lui aussi député européen FN, s’était vu privé de son immunité parlementaire à deux reprises, après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France.
Cette procédure avait aussi touché Jean-Marie Le Pen en 1998, après ses propos, un an plus tôt à Munich, où il avait assimilé les chambres à gaz nazies à un détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.