Pour la Russie, il est absolument hors de question qu’il y ait une quelconque intervention en Syrie visant à mettre un terme aux violences dont il y fait état quotidiennement. Jusqu’à présent, Moscou a trouvé un allié avec le régime de Bachar el-Assad, ce dernier permettant à la marine russe de disposer d’un point de chute en Méditerranée, avec le port militaire de Tartous. Cela explique en partie (mais pas seulement) cette opposition à une éventuelle ingérence dans les affaires internes syriennes.
Officiellement, la Russie a déclaré qu’elle ne prend parti pour personne dans le conflit qui oppose la rébellion syrienne au régime de Bachar el-Assad. Ce qu’ont contesté les Etats-Unis. En effet, Hillary Clinton, la responsable de la diplomatie américaine, a accusé Moscou d’avoir continué de livrer des armes à Damas en dépit des violences qui ensanglantent la Syrie depuis mars 2011.
« Nous savons qu’il y a eu des ventes d’armes très régulières, même pendant l’année dernière, de la Russie à la Syrie. Nous pensons aussi que la fourniture d’armes en continu par la Russie a renforcé le régime d’Assad » a ainsi déclaré Mme Clinton, lors d’une conférence de presse donnée à Oslo le 1er juin dernier.
Et, plus de 10 jours plus tard, Hillary Clinton a répété ses accusations à l’endroit des autorités russes. « Nous sommes inquiets des dernières informations que nous avons qui font état de l’envoi d’hélicoptères d’attaque vers la Syrie depuis la Russie, ce qui va provoquer une intensification assez dramatique du conflit » a-t-elle affirmé, le 12 juin, au cours d’une discussion à l’Institut Brookings, à Washington.
A priori, il pourrait qu’il s’agisse d’hélicopètre Mi-24 (attaque au sol) et Mi-17 (transport) syriens retounés en Russie pour réparation avant d’être renvoyés en Syrie.
« Il ne fait pas de doute que l’agression continue, ainsi que le recours à l’artillerie lourde. Nous avons directement demandé aux Russes d’arrêter leurs livraisons d’armes à la Syrie », a poursuivi Mme Clinton. « Ils ont dit ici ou là qu’il ne fallait pas qu’on s’inquiète, que tout ce qu’ils envoyaient n’avait aucun lien avec la répression. C’est manifestement faux », a-t-elle encore ajouté.
La réponse de Moscou à ces propos ne s’est pas faite attendre. Ainsi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé, en retour, les Etats-Unis de livrer des armes aux rebelles syriens, lors d’une conférence de presse donnée le 13 juin à Téhéran.
Selon Sergueï Lavrov, les ventes d’armements russes ne violent « aucune loi internationale » et portent sur « des équipements défensifs ». En revanche, a-t-il affirmé, « les Etats-Unis fournissent à l’opposition des armes qui sont utilisées dans les combats contre le gouvernement syrien ».
Jusqu’à présent, Moscou avait seulement évoqué des livraisons d’armes par des « puissances étrangères non identifiées », certaines informations ayant désigné le Qatar et l’Arabie Saoudite, peu suspects de sympathie à l’égard des Alaouites au pouvoir en Syrie. Les accusations de Sergueï Lavrov à l’égard de Washington constituent donc une première. « Nous voulons une Syrie forte et il faut soutenir le plan de Kofi Annan », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, si la Syrie reçoit des armes, elle en livre aussi ailleurs, notamment à son allié iranie. Ainsi l’ONU a fait état de violations par Damas de sanctions prises à l’encontre de Téhéran, notamment pour ce qui concerne la livraison d’armes. « Le refus de la Syrie de se conformer à ses obligations vis-à-vis de l’ONU devrait grandement inquiéter le Conseil », a déclaré Rosemary DiCarlo, la représentante des Etats-Unis auprès des Nations unies.
« L’ampleur (des violations) confirme l’existence d’une politique délibérée et continue de livraison illégale d’armes et de matériel semblable entre l’Iran et la Syrie » a commenté Martin Briens, l’ambassadeur de France à l’ONU. « La Syrie est également impliquée dans de nombreux cas rapportés au comité de sanctions sur la Corée du Nord. Il s’agit de violations graves commises par ce pays » a-t-il ajouté.