Comet Ping Pong de Washington DC
Depuis le début du mois de novembre, des utilisateurs américains de réseaux sociaux enquêtent sur l’existence potentielle d’un réseau pédocriminel d’élite basé à Washington DC et centré autour de la pizzeria « Comet Ping Pong » – investigation popularisée sous le nom de pizzagate.
Le résumé de l’affaire est disponible sur Égalité & Réconciliation.
Les grands médias américains ont mis du temps à réagir, hésitant probablement entre la stratégie de l’édredon (consistant à ne pas en parler du tout) ou l’article ostensiblement hostile. Le New York Times s’est finalement décidé, le 21 novembre, à publier un article sur la question.
Détail amusant et significatif : la publication a changé trois fois de titre. L’article fut d’abord publié sous le titre « Fact Check – This Pizzeria Is Not A Child Trafficking Site » (« Vérification des faits – Cette pizzeria n’est pas un lieu de trafic d’enfants », titre toujours visible dans l’URL). Mais rapidement, la mention « Fact Check » a disparu... Après une troisième modification, le titre visible aujourd’hui, s’il reste tout à fait hostile aux internautes, paraît légèrement moins affirmatif : « Fake News Onslaught Targets Pizzeria as Nest of Child-Trafficking » (« Des désinformateurs s’en prennent violemment à une pizzeria considérée comme le nid d’un trafic d’enfants »).
Un article qui n’apporte aucun argument contre les éléments principaux de l’enquête des internautes (les publications « spéciales » du propriétaire de la pizzeria sur son compte Instagram, les logos plus que douteux de Besta Pizza et Terasol, le goût de Tony Podesta pour la peintre Biljana Djurdjevic, etc.), mais se contente d’essayer de décrédibiliser les enquêteurs. Une méthode classique, mais particulièrement contre-productive dans ce cas précis, puisque le contraste entre l’argumentaire du média mainstream et celui des internautes achèvera de convaincre l’internaute dubitatif qu’une anguille se trouve bien sous la roche.
Logiquement, Slate.fr, via la « journaliste » Claire Levenson de New York, a emboîté le pas aujourd’hui au New York Times et publié à son tour un article absolument vide (voir ci-après), où l’on se contente de qualifier les recherches des internautes de « délirante théorie du complot » et d’essayer de les diaboliser en y associant des relais médiatiques hors système (dont E&R), sans jamais discuter directement des éléments de l’enquête.
En ces temps de disqualification totale des médias du système, pas sûr que cette manœuvre suffise à éteindre l’incendie.
Mise à jour du 24/11/2016
Sans vérifier ce qu’ils avancent, les médias belges et suisses ont commencé à reprendre mécaniquement les propos du New York Times.
Les médias français ne sont pas en reste : 20minutes (article du 23/11) puis les Inrocks ont à leur tour répété les propos creux du journal américain, sans jamais proposer d’autre argument que l’origine « d’extrême droite » des internautes ou encore la négation des faits par le propriétaire de la pizzeria, James Alefantis. Un bel exemple de raisonnement journalistique moderne !
On notera également que la section du réseau social Reddit consacrée au pizzagate a été fermée par les administrateurs, au motif que certains internautes se livraient à une « chasse aux sorcières » en diffusant des « informations personnelles et confidentielles ».
Le pizzagate, dernière délirante théorie du complot anti-Clinton
Depuis plusieurs semaines, le propriétaire d’une pizzeria de Washington est harcelé par des supporters de Trump qui l’accusent de protéger des proches de Clinton soit disant coupables d’actes pédophiles.
[...] Sur Reddit, Twitter et d’obscurs sites d’extrême droite comme The Vigilant Citizen, des fausses informations circulent selon lesquelles l’ancien directeur de campagne de Clinton, John Podesta, fait partie d’un réseau pédophile qui utilise une pizzeria de Washington comme quartier général. Hillary Clinton serait complice. [...]
le hashtag #pizzagate est devenu très populaire. L’histoire a été traduite dans plusieurs langues et a été relayée en France sur le site d’Alain Soral, Égalité et Réconciliation. Étonnamment, un journal conservateur plutôt respectable comme le Washington Times l’a reprise sans dire qu’elle était délirante.