À trop vouloir jouer des effets de manche, le candidat du front de Gauche ne dupe plus personne sur sa vraie nature : Faux populaire et candidat du ralliement au système.
S’il devait être comparé à un personnage, le rôle que joue Coluche dans la scène de la manifestation dans « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » lui irait comme un gant. Porte parole du peuple en colère devant le palais de César, il est tellement peu vindicatif devant les promesses et les forces de sécurité de l’empereur que la foule le lâche. Il ne suffit pas d’aller dans le sens de l’humeur du peuple pour être crédible. Vouloir en être le porte voix ne s’improvise pas.
Les classes populaires, c’est à dire la catégorie des ouvriers et des petits employés, ne sont pas très séduites par les propos et le sérieux de la candidature de Mélenchon. Ce bon élève discret du parti socialiste qui a été favorable au Traité de Maastricht leur donne sûrement l’impression d’être un réservoir de voix pour François Hollande au second tour. L’option à gauche de la gauche était une opportunité à saisir. Avec un parti communiste en chute libre à chaque élection depuis une vingtaine d’années, une extrême-gauche morcelée, l’opportunité de se refaire une virginité était trop tentante pour les caciques du parti. Henri Emmanuelli ou les autres leaders du NPS ont dû y penser un temps, mais Mélenchon a été le plus rapide.
Le parti socialiste s’est accommodé avec le mondialisme et l’économie libérale, c’est le triste constat des deux mandats de Mitterrand. Notre candidat porte malgré lui l’abandon des classes populaires par la gauche. S’il arrive à séduire un électorat, c’est celui des étudiants et de la gauche bobo travaillant dans le tertiaire qui se cherche un supplément d’âme. La vraie ligne de fracture politique aujourd’hui est celle qui sépare les défenseurs de la souveraineté des nations et les partisans du mondialisme libéral. Le courage politique se mesure à la capacité d’un candidat à résister aux puissances de l’argent et aux réseaux mondialistes dans l’intérêt de sa nation. Malheureusement pour le petit peuple, le terme nation fait peur à la gauche, il sonne comme une insulte à l’oreille de notre député européen.
Ainsi, la candidature du front de Gauche est celle qui porte la plus grosse contradiction politique et économique. Nul besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour s’en rendre compte. Comment vouloir un Etat fort, interventionniste et partageur d’un côté et s’accommoder des règles de l’Europe de Maastricht et son carcan budgétaire de l’autre ? Un Etat souverain défendant les intérêts nationaux est incompatible avec la suppression des frontières, l’abandon de notre souveraineté monétaire et les règles budgétaires contraignantes. Lorsqu’à l’occasion il est mis devant cette contradiction par un journaliste, il s’en sort par le tour de passe-passe classique de la mauvaise foi du politique : Appeler le peuple à se déterminer par référendum. Cette position rappelle celle de la candidate Ségolène Royal qui en appelait aux partenaires sociaux pour trancher la question de l’augmentation du SMIC.
Le ralliement est la seule issue politique possible du front de Gauche. Même s’il est donné au mieux à 17% dans les sondages, Mélenchon ne sera pas qualifié pour le second tour. Face à Nicolas Sarkozy, le candidat socialiste viendra courtiser son ancien camarade et trouver un compromis, « une plate-forme commune » bien sûr habillement négociée dans la sueur et après d’âpres négociations devant les objectifs des caméras. Sa candidature n’a été possible que par le soutien de l’appareil du parti communiste. Mélenchon doit dans sa négociation penser au renvoi d’ascenseur. Il n’est pas exclu de voir un Pierre Laurent ministre d’un futur gouvernement Hollande.
Si Marine Lepen est élue pour le second tour, quel que soit le candidat en face, il appellera à voter contre elle. Il se rejouera alors le même scénario qu’en 2002, celui de la mobilisation républicaine contre la menace fasciste avec un Jean-Luc Mélenchon en vigile et en guide.
Tantôt révolutionnaire anticapitaliste défenseur des peuples, tantôt anti nationaliste, Jean-Luc Mélenchon ne réussira qu’une seule chose à cette présidentielle : Brouiller les cartes du jeu politique.