Les relations entre la Russie et la Pologne n’ont jamais été simples car les deux pays ont eu des velléités impérialistes, chacun cherchant à envahir ou à contrôler son voisin. Ce fut le cas de la Pologne après la Révolution russe (1917-1921), ce que Staline n’a jamais pardonné et qui explique – entre autres – la contre-invasion soviétique de la Pologne en 1939.
Pourtant, Poutine a fait un geste important en 2010 en reconnaissant la responsabilité soviétique dans le massacre de Katyn (plusieurs milliers d’officiers polonais assassinés par le NKVD).
Le président russe a alimenté la controverse qui persiste depuis plusieurs années entre son pays et la Pologne sur la question de leurs rapports respectifs avec l’Allemagne nazie dans les années ayant précédé la Seconde Guerre mondiale.
Vladimir Poutine a profité d’une rencontre avec des hauts gradés, le 24 décembre, pour rappeler une nouvelle fois les liens de la Pologne avec l’Allemagne nazie avant la Seconde Guerre mondiale, sujet de controverse récurrent entre les deux pays sur fond de tensions géopolitiques bien actuelles.
Déclarant avoir pris connaissance d’archives récupérées en Europe par l’Armée rouge après 1945, Vladimir Poutine a assuré que plusieurs pays, dont la Pologne, étaient en collusion avec le dictateur nazi. « Ils [les Polonais] ont pratiquement conclu une entente avec Hitler. C’est clair dans les documents d’archives », a affirmé le chef d’Etat, se disant « insulté par la manière dont Hitler et la Pologne ont discuté de la soi-disant question juive ».
L’ambassadeur polonais de 1938, « salaud » et « cochon antisémite »
Le président russe assure avoir notamment consulté des documents historiques dans lesquels l’ambassadeur polonais en Allemagne a promis en 1938 d’ériger un « beau monument » à Varsovie au chef de l’Allemagne nazie après que ce dernier a proposé d’« envoyer les Juifs dans des colonies en Afrique ». Cet ambassadeur « s’est complètement solidarisé avec [Adolf] Hitler », a accusé Vladimir Poutine, le qualifiant au passage de « salaud » et de « cochon antisémite ».
Il a par ailleurs établi un parallèle avec les décisions des responsables polonais actuels qui « font démolir les monuments aux soldats de l’Armée rouge », autrefois célébrés comme les libérateurs de leur pays mais déboulonnés à la chaîne ces dernières années en Pologne. La Russie et la Pologne ont multiplié ces derniers jours les accusations à caractère historique. La diplomatie russe a fustigé la « rhétorique agressive » de Varsovie, tandis que la diplomatie polonaise a exprimé son « inquiétude », accusant les responsables russes de « présenter une fausse image des événements ».
Deux versions de l’Histoire
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En 2009, à l’occasion des commémorations des 70 ans de l’invasion allemande de la Pologne, la Russie avait rendu publiques des archives soviétiques de 1937 dépeignant une Pologne alors très hostile envers l’URSS, et ne considérant pas l’Allemagne nazie comme une menace.
De son côté, la Pologne ne manque pas de renvoyer Allemagne nazie et Union soviétique dos à dos dans la responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le pacte germano-soviétique de 1939 ayant « scellé » selon elle le partage de l’Europe orientale en zones d’influence des deux régimes totalitaires. Varsovie estime à 566 000 le nombre de victimes polonaises de la répression soviétique.
« On peut jeter l’anathème sur le stalinisme [...] Mais mettre l’URSS et l’Allemagne fasciste sur le même plan ? »
Vladimir Poutine a par ailleurs vivement dénoncé à plusieurs reprises une récente résolution du Parlement de Strasbourg sur la « mémoire européenne », adoptée en septembre, qui met sur un pied d’égalité communisme et nazisme.
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La Pologne dans la guerre, coincée entre deux géants belliqueux :