E&R Suisse : Bonjour Vic, tout d’abord, pour commencer cette interview, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Vic : Je suis un homme québécois profondément attaché à mes racines françaises d’Amérique, j’ai 48 ans, né à la démarcation entre les baby boomers et la génération X, père tardif de deux enfants (5 et 2 ans).
À l’école j’étais limite cancre, je manquais de stimulation je crois. Par contre je lisais beaucoup. Histoire, biographies de personnages historiques, et même des essais. Je me suis tapé Le Prince de Machiavel à 10 ans. Et je l’ai compris.
Je me suis bien rattrapé côté scolaire à l’Université où enfin je trouvais un milieu stimulant. Tellement que je suis diplômé d’Histoire (recherche) et de Droit.
Né dans la guerre froide, j’étais anxieux des questions de survie à une guerre nucléaire mais hélas sans grand moyens pour y faire face. Dans ma naïveté, mon kit de survie consistait en un mauvais couteau à lancer, une couverture aluminium de survie et un paquet d’allumette !
Adulte j’ai fait l’armée comme officier de blindés (ici il n’y a pas de conscription).
Par la suite j’ai continué à me préoccuper de « survie » mais de plus loin, en emmagasinant connaissances et compréhension du monde dans lequel nous vivons.
Ce n’est qu’avant la naissance de ma fille que j’ai décidé de mettre en pratique le survivalisme car jusque-là, je savais pouvoir me débrouiller en cas de pépin majeur. Toutefois, ce petit être avait besoin de plus. Je le lui ai donné.
C’est à ce moment que j’ai lancé mon blogue qui visait avant tout à tenir une sorte de registre public de mon évolution, partager des réflexions puis me faire « trouver » par d’autres survivalistes afin d’éventuellement unir nos efforts. Les deux premiers objectifs sont toujours présent mais le troisième, je l’ai abandonné rapidement, par réalisme.
Vous êtes depuis peu une véritable référence dans le milieu survivaliste francophone, grâce notamment à vos vidéos sur YouTube, pouvez-vous nous expliquer le concept du survivalisme ?
Le survivalisme, terme mal choisi je dirais, est une démarche par laquelle une personne ou une famille développe son autonomie au maximum de ses capacités et dans le maximum de domaines, avec pour but ultime de pouvoir vivre en pleine autonomie, sans État au besoin, sans réseau de distribution au besoin, sans employeur ni clients au besoin.
Il s’est dit et écrit beaucoup de bêtises sur le survivalisme, principalement de la part des merdias et pour cause, car le survivalisme est une menace à leur existence parasitique et factrice de manière de pensée instrumentalisée.
Oui, il existe des red necks qui vivent au milieu de nulle part dans un bunker mais ils sont des exceptions. La majorité des survivalistes, ce sont des familles qui travaillent comme un peu tout le monde mais qui, au lieu de passer des vacances aux Seychelles, investissent leurs ressources dans des capacités de résilience, comme de la nourriture en réserve, du matériel, des propriétés permettant la culture du sol et l’élevage, etc.
Vous venez d’ouvrir récemment une académie de survivalisme au Québec, pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui bien sûr ! Je reçois constamment des questions relatives au survivalisme, souvent sur des aspects très techniques. Malheureusement beaucoup de gens se focalisent sur un problème en perdant de vue l’ensemble et sans réaliser que l’approche adoptée créera d’autres problèmes qui ne se révéleront qu’en cas de bris de normalité.
De plus, pour beaucoup de gens, le survivalisme se matérialise par du bushcraft ou de la survie, qui sont des disciplines complètement différentes. Avec cette académie, je veux enseigner non seulement les bonnes techniques mais une approche globale de la discipline, une manière plus complète d’envisager l’autonomie. J’ai l’immense chance d’avoir un partenaire aguerri et complémentaire en survivalisme, avec qui j’ai lancé cette école, de même que des collaborateurs spécialistes très compétents.
Que répondez-vous aux journalistes ou aux gens qui qualifient les survivalistes « d’illuminés » ou de « paranoïaques » ?
En citant Soral : un journaliste, c’est une pute ou un chômeur. Un média mainstream est un diffuseur. Un diffuseur d’idéologie, d’idées simplistes, d’opinions dirigées. Dans le meilleur des cas ils produisent ce qu’ils croient qu’on attend d’eux, dans le pire ce sont des agents d’influence des services.
Vous savez, le survivalisme EST dissidence. Une dissidence discrète mais néanmoins présente. Le survivalisme, c’est en quelque sorte une préparation à la sortie du Système qui, structurellement et économiquement, est de moins en moins capable de pourvoir aux besoins des populations. Les plus lucides – aussi les plus anxieux – le perçoivent et se préparent au jour où ça n’ira vraiment plus. Ce n’est pas du fin-du-mondisme, avec une date et tout. C’est un constat et une réponse à ce constat. Cela, les journalistes ne peuvent pas l’admettre car ce serait admettre leur inutilité en terme de production économique concrète. Une opinion ça ne se mange pas et ça ne s’échange pas contre un bout de pain.