Nolwenn Le Blevennec est journaliste, mais à Rue89. Elle a envoyé un mail à Alain Soral pour savoir comment il réagissait aux attaques récentes (Bitin, Ulcan). Il ne se passe pas grand chose, elle fait quand même un article, avec rien. Sur Rue89, depuis la reprise en main de la hiérarchie, il faut faire du chiffre, de la vue, du flux. Alors on prend les sujets vendeurs, on mélange les mots-clés, et on attend les clics.
Tiens, il m’est arrivé ceci.
En début de semaine, le hacker Ulcan a piraté la base de données d’Égalité et Réconciliation, le site d’Alain Soral. Quelques jours avant, c’était le parquet de Paris qui avait requis six mois de prison ferme contre l’essayiste pour avoir harcelé une jeune femme. Ce mercredi, j’envoie un mail à Soral pour voir comment il encaisse tout ça. Il répond : croisons-nous.
« Si vous n’avez pas peur de côtoyer des arabes et des noirs, je vous donne rendez-vous près de nos locaux, à St Denis. Café : Le Trio du Théâtre, 2 rue Paul Éluard à 21h. »
Je lui réponds juste « ok ».
- Au péril de sa vie, Nolwenn, poussée par une audace journalistique sans pareille, va entrer dans un bar populaire du 9-3
J’arrive à l’heure. Le Trio est un bar PMU classique, rempli d’hommes qui jouent aux courses. La plupart d’entre eux se demandent ce que je fais là. Quelques-uns, très baraqués genre service d’ordre, ont l’air de savoir. Ils me regardent du coin de l’œil – mais c’est peut-être de la parano.
Un type fait apporter un coca à ma table, dit « c’est pour moi » et devient super lourd. À un moment, il est sifflé par quelqu’un. Quand il revient, il me dit :
« Je sais qui tu attends, c’est un traître. »
Un autre mange un sandwich et des frites à côté de moi. Quand je lui dis que j’attends Alain Soral, il trouve ça classe : « Je regarde toutes ses vidéos ! »
Soral ne vient pas. Au bout d’une heure, je renonce. C’était pénible sans plus.
Le lendemain, j’écris à Soral :
« J’ai attendu 1h hier… C’était long mais sympa. C’était une blague ? Vous avez eu un empêchement ? On peut se parler par téléphone du coup ? »
Il me répond :
« Ouille ! On s’est mal compris. Je voulais dire demain, ce soir, pas hier. Désolé… Moi je peux y être ce soir à 21h, plus tard dans la semaine, ça va être compliqué. »
Soral veut visiblement prolonger sa blague. Mais j’ai du mal à comprendre ce qu’il y a de drôle à me faire venir à Saint-Denis à 21h. Où se loge son fantasme ? Croit-il, en me convoquant au Trio, envoyer Marie-Chantal dans la cage aux fauves ?
Je suis curieuse de voir. Je propose à Soral d’aller plutôt dans le bar d’en face, Le Terminus. Soral me répond :
« Ok pour le Terminus… Vous n’aimez pas les PMU ? Trop populaires ? »
C’est ça. Il doit penser que j’ai peur de me salir.
Finalement à 20h40, vingt minutes avant notre rendez-vous, je décide d’annuler par mail. Il est évident qu’il ne va pas venir et j’ai la flemme d’aller constater une blague.
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