Ce 22 février 2015, le garde des Sceaux, Christiane Taubira, intervenait aux « Assises de la lutte contre la haine sur Internet », organisées par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) à l’École supérieure de commerce de Paris. Comme François Hollande au dîner annuel du CRIF, Christiane Taubira a promis aux organisations communautaires d’agir contre les auteurs d’actes « racistes et antisémites sur Internet » en mettant en place des procédures judiciaires expéditives comprenant l’ajout de « circonstances aggravantes ».
Le programme de l’événement et la liste des intervenants montre qu’ils s’agissait pour la quasi-totalité des associations victimaires juives et homosexuelles (SOS Racisme, SOS Homophobie, la LICRA, Respect Zone, l’Inter LGBT), sous le haut patronage de l’UEJF (c’est-à-dire la branche étudiante du CRIF), de matérialiser son lobbying auprès des mastodontes d’Internet et des représentants de l’Etat français.
Côté Internet, les responsables des relations institutionnelles de Facebook (Anton Maria Battesti) et de Microsoft (Marc Mosse) ont pu écouter l’expertise de Rudy Reichstadt (Conspiracy Watch, lié au site La Règle du jeu de Bernard-Henri Lévy) ou de Guillaume Brossard du site HoaxBuster, etc.
Côté gouvernement, le secrétaire d’État chargé du numérique, Axelle Lemaire, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul, et le garde des Sceaux, Christiane Taubira, ont pu voir leur allégeance confortée par les arguments « scientifiques » d’universitaires et de « chercheurs » tels que Dominique Reynié (Sciences-Po), le politologue pro-immigration Patrick Weil (CNRS) ou le psychiatre Serge Tisseron.
Des journalistes « objectifs » comme Mohamed Sifaoui (membre du Cercle de l’oratoire, principal relais des néoconservateurs en France) ou Éric Halimi (Groupe Lagardère) étaient également de la partie, ainsi que Bruno Jeanbart, directeur d’Opinion Way, qui assurait le service après-vente d’un sondage commandé par l’UEJF sur « Les Français et les propos haineux sur Internet », destiné à prouver que les associations communautaires répondent aux attentes profondes du peuple français. Mais la faible affluence du public (entre 60 et 150 curieux) et la présence du directeur général de l’association des victimes de la Shoah, Philippe Allouche, et de l’ancien président du CRIF, Richard Prasquier, attestent du but réel de l’événement : consacrer un glissement sémantique qui a permis en un mois et demi (depuis les attentats de janvier) de passer de la lutte contre le « djihadisme sur Internet » à la traque du « négationnisme » et du « complotisme » (des « publications de haine »), fourriers d ’un « antisémitisme » débouchant forcément sur un passage à l’acte. Sacha Reingewirtz semble ravi de cette chutzpah…
Au nom du peuple français, qu’elle représente, le garde des Sceaux, Christiane Taubira, lors du discours de clôture, a fait une promesse au jeune Sacha Reingewirtz :
« Nous sommes décidés à mener une lutte sans merci contre le racisme et l’antisémitisme sur Internet [...] Il y a en ce moment un processus de travail qui se fait dans le cadre de la préparation du projet de loi sur le numérique. »
La démonstration que Kouachi et Coulibaly sont des créatures du professeur Robert Faurisson étant impossible, ce passage de la « traque aux djihadistes » à la censure pure et simple d’Internet s’est opéré par le chantage émotionnel, la confusion et l’amalgame lors du discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah à Paris le 27 janvier dernier :
« Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer. L’antisémitisme a changé de visage. Il n’a pas perdu ses racines millénaires. Certains de ses ressorts n’ont pas changé depuis la nuit des temps : le complot, le soupçon, la falsification […] Mais aujourd’hui, il se nourrit aussi de la haine d’Israël. Il importe ici les conflits du Moyen Orient. Il établit de façon obscure la culpabilité des juifs dans le malheur des peuples. Il entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Celles même qui ont conduit au pire. »
Et d’insister sur la nécessité de « prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. »
Pour réaliser la censure d’Internet, le ministre de l’Intérieur a d’abord fait passer au début du mois de février un décret instaurant la censure de sites sur simple ordre administratif, puis s’est rendu le 20 février à San Francisco pour rencontrer les dirigeants des principales entreprises américaines (Google, Facebook, Microsoft, etc.). Bernard Cazeneuve avait alors souligné l’importance d’une « coopération efficace » et de « réponses rapides » pour éviter de « nouveaux actes terroristes ». Or, de l’aveu même de Christiane Taubira devant l’UEJF et de François Hollande au dîner du CRIF, nous savons désormais de source officielle que le gouvernement Valls n’a cure de « lutte contre le terrorisme », mais que son objectif est bien de faire taire les critiques non-violentes du sionisme international. Critiques reléguées à Internet du fait d’une censure systématique opérée par les médias institutionnels.