« Hitler, merci pour l’Holocauste »,
« Si Hitler n’avait pas existé, les sionistes l’auraient inventé »,
« Merci Hitler pour cette merveilleuse Shoah, c’est uniquement grâce à toi que nous avons obtenu un État de la part de l’ONU »,
« Cher gouvernement de Pologne. Ne laissez pas entrer les sionistes à Auschwitz : leurs cérémonies commémoratives sont des manipulations »,
« L’Israël est l’Auschwitz temporel pour la juiverie séfarade »,
« Les leaders sionistes voulaient l’Holocauste »,
« La guerre des sionistes n’est pas celle du peuple juif »,
« Juifs, réveillez-vous, le régime sioniste du mal ne nous protège pas, il nous met en péril ».
Et tout cela bombé à Yad Vashem même, au mémorial israélien de Jérusalem consacré aux victimes juives des persécutions antisémites nazies !
Immédiatement on imagine une équipe de terroristes grapheurs financée par Al-qaïda, avec Amaninedjab, Alain Gresh, Dieudonné, Alain Badiou, Faurisson, Édouard-Marc Nabe, Chavez, et forcément Jean-Marie Le Pen. Eh bien non !
Les suspects dénoncés par la direction du lieu sont – comme la signature des tags l’indique – le « judaïsme orthodoxe international », c’est-à-dire des Haredim, minorité de juifs extrémistes ultra-orthodoxes qui dénoncent, notamment en Israël, une exploitation de l’Holocauste pour justifier la création de l’État israélien, qu’ils honnissent.
« Une ligne rouge a été franchie avec cet acte sans précédent »
Cette « ligne rouge », c’est une théorie de gratte-papiers estampillés « journalistes » qui l’a franchie avec naïveté (ou perversion ?). Ainsi, si Le Nouvel Obs-AP et Le Parisien-AFP ont relaté à juste titre des « graffitis antisionistes », beaucoup de confrères se sont empressés d’y voir des inscriptions ou des graffitis « nazis » ou « pronazis » voire « à la gloire d’Hitler » ! (L’aube Dorée derrière tout ça ?)
Ainsi donc, ces professionnels de l’info n’ont pas reconnu le patent second degré dans le « Merci à Hitler » des artistes antisionistes ? Pourtant la palme revient sans conteste à ceux qui y auront identifié la patte de « l’antisémistisme » – tel Gérard Fredj de Israël-infos (mais, à sa décharge, l’amalgame qu’il fait ne peut étonner personne sur un site ultra-partisan). On ne peut qu’être pétris d’admiration de voir des juifs plus-juif-que-moi-tu-meurs accusés d’antisémitisme : shtreimel-bas !
Si l’on attribue à de « vrais juifs » (contrairement à des non-croyants comme Finkielkraut, Shlomo Sand ou Chomsky) – revendiquant et pratiquant leur judéité au quotidien, ne pouvant donc pas détester ce judaïsme – ce vandalisme à Yad Vashem, les messages qu’ils ont écrits ne peuvent donc en aucun cas être antisémites. Et c’est bien ceux qui les accusent – à savoir les autorités israéliennes – qui nous le prouvent.
Il faudrait donc se faire à l’idée que prétendre que les sionistes ont été heureux de l’holocauste nazi qu’ils attendaient, ce car celui-ci allait leur permettre de l’instrumenter pour fabriquer un État en Palestine pour le malheur des juifs, cela est bien antisioniste… mais ne peut être taxé d’antisémitisme !
Le conservateur du mémorial vandalisé donne implicitement raison à ses visiteurs clandestins : « Yad Vashem est un lien entre la société israélienne et le judaïsme, tous ces messages graphés visent à briser cette connexion ». Le patron de la police va d’ailleurs dans ce même sens quand il se choque de « l’attaque contre un des plus importants symboles de l’Israël ».
Or, si pour cette société d’Israéliens d’origine juive, pour 98 % desquels, « le principe qui doit guider l’Israël et le judaïsme n’est ni plus ni moins que la mémoire de la Shoah. Bref, ce qui fait consensus en Israël, ce n’est pas le respect du précepte religieux ou de la règle démocratique, mais tout simplement la mémoire d’un génocide », au contraire, pour ces ultra-othodoxes juifs, ce sont les valeurs ancestrales du judaïsme et ses textes qui doivent primer sur toute autre considération, fût-ce la disparition, il y a trois générations, de millions de juifs en Pologne.
Et ces ultra-juifs s’insurgent contre cette « douloureuse mémoire de l’Holocauste qui, malheureusement, donne indirectement à l’antisémitisme une part durable dans la définition de l’essence même du juif ».
(Mais BHL nous assurera du contraire.)