Un convoi humanitaire parti de Grande-Bretagne et composé de 75 véhicules chargés de médicaments, de jouets pour les enfants et de nourriture est sur le point d’entrer en Syrie. Vu les immenses besoins de la population victime de la guerre, l’arrivée de ces vivres apaisera certainement bien des souffrances. Mais cette nouvelle pourrait toutefois ne pas être aussi réjouissante qu’elle n’en a l’air vu l’identité et les intentions de nombre de passagers du convoi. La charité religieuse, cheval de Troie de la guerre de Syrie ?
Des médicaments et des vivres acheminés avec la bénédiction de la presse occidentale vers la Syrie par des groupes religieux radicaux basés en Grande-Bretagne en partenariat avec l’IHH, l’organisation caritative islamique turque qui défraya la chronique au plus fort de de la campagne contre le blocus de Gaza, c’est plutôt suspect [1].
On se rappellera que les médias mainstream n’avaient pas été aussi sympathiques avec l’IHH lors du massacre commis par Israël sur le Mavi Marmara, l’un des bateaux affrétés par l’ONG islamique alors qu’en Palestine, cette ONG était en mission purement humanitaire.
Par ailleurs, des militants turcs des droits de l’homme rapportaient hier que parmi les 180 « humanitaires » venus de Grande-Bretagne et accueillis par l’IHH dans des hôtels à Istanbul, se trouvaient plusieurs individus liés à des groupes takfiris proches d’Al-Qaïda.
Notons justement que le président de l’IHH Bülent Yildirim en personne fait l’objet d’une enquête judiciaire en Turquie pour ses liens avec Al-Qaïda (Radikal, 15 juin 2012).
L’absence à la conférence de presse organisée hier par l’IHH à Kazliçesme d’une cinquantaine d’« humanitaires » britanniques parmi lesquels Igbal Kasim, Hussein Haalem, Hussein Mouhammad Tashtayaq, Nasihi Adam, Niah Muhammad Taher, Arif Waqar, Dad Asgar Ali, Younis Rizwaan Qaissir pose question (Firatnews, 3 août 2013)
Les milieux kurdes de Turquie s’inquiètent de la « disparition » de leurs « humanitaires » et de leur probable réapparition sur le front syrien aux côtés de l’Armée syrienne libre (ASL), du Front al-Nosra ou de l’État islamique en Irak et au Levant (EILL), trois groupes criminels qui mènent actuellement une véritable épuration ethnique contre les Kurdes à Rojava (Nord de la Syrie).
Affaire à suivre.
Bahar Kimyongür