Hélène Lecomte sur LCI : On verra quel message faire passer, puisque le gouvernement dit que c’est une réforme qui sera plus juste, c’est le message qui a peut-être du mal à être entendu, ce qui explique ce chiffre, 806 000 personnes mobilisées.” Toutes sourdes. pic.twitter.com/6rOuQpq21c
— Samuel Gontier (@SamGontier) December 5, 2019
@SnjCgt : "La CGT de France télévisions a été informée de la consigne sidérante donnée par la direction de l’info aux chefs de service : Rappel du 13h mais qui vaut pour tout le monde : Ne pas utiliser les mots « prise d’otage » « colère »« grève historique » « grève générale »"
— Marc Endeweld (@marcendeweld) December 5, 2019
Le gouvernement avait donné ses consignes à la presse collabo, privée et publique : les anti-réforme des retraites sont des privilégiés qui luttent contre la solidarité nationale, contre la justice sociale. La presse a consciencieusement relayé la parole divine, mais il faut croire que les Français n’écoutent plus trop le chant des sirènes oligarchiques : ils étaient au moins un million dans les rues des grandes villes pour clamer leur résistance, non pas contre une retraite plus juste pour tous, mais contre le néolibéralisme destructeur de tout ce qui a été construit socialement en France depuis 1936, en passant par le CNR de 1945, le Grenelle de 1968 et les acquis de 1981.
Mine de rien, la France est encore un pays d’ouvriers (20 %) et d’employés (27 %), malgré l’augmentation progressive du nombre de cadres (18 %) et de professions intermédiaires (26 %). Si on ajoute les indépendants qui sont leur propre patron ou leur propre employé, on dépasse allègrement les 50 % de Français frappés par la crise. Crise des revenus, qui stagnent, et des projections dans un avenir incertain. Le chômage touche trois à quatre fois plus les employés et les ouvriers que les cadres et l’échec scolaire est quatre fois plus important chez les enfants d’ouvriers que chez les enfants de cadres. De plus, une majorité d’enfants d’ouvriers et d’employés seront eux-mêmes ouvriers ou employés : on le sait, l’ascenseur social est bloqué.
« Ca suffit de tout donner toujours aux mêmes et de tout enlever toujours aux mêmes »#greve5decembre #RetraitePourTous #reformedesretraites #grève
⚡️ EN CONTINU :
➡️ https://t.co/SGiflUfnIE pic.twitter.com/HtgsjP3VNy— RT France (@RTenfrancais) December 5, 2019
Que ce soit à cause de la mondialisation ou des mesures néolibérales, qui sont censées aligner le pays sur les nouvelles normes de la mondialisation – ce qui arrange bien ceux qui en profitent –, ce sont grosso modo toujours les mêmes qui payent pendant la crise, et qui payent au sens propre et au sens figuré. Il fallait bien que ça pète un jour, et ça a pété, un 17 novembre 2018. Un an plus tard, le 5 décembre 2019, au tour des centrales syndicales d’embrayer sur le mouvement des Gilets jaunes, qui avaient un peu perdu la foi, au moment où une réforme des retraites s’abat sur les 29 millions d’actifs, dont 6 millions de demandeurs d’emploi.
5 décembre : 806.000 manifestants selon l'Intérieur et 1,5 million selon la CGT. Additionnons les 2 chiffres et divisons par 2=1,1 million de manifestants. C’est le nombre total des adhérents des syndicats organisateurs=3,3% des actifs et 2,1% des citoyens. https://t.co/H185FZOqBy
— Dominique Reynié (@DominiqueReynie) December 5, 2019
Malgré les calculs aussi grossiers que tordus du néolibéral Reynié, les Français ont bravé le froid et la peur des coups d’une police chauffée à blanc pour défiler autant sinon plus qu’en 1995.
5 décembre 2019, 1er jour de mobilisation : 806 000 manifestants selon l'Intérieur (1,5 million selon la CGT).
1er jour de mobilisation 1995 : 500 000 manifestants selon l'Intérieur (1,3 million selon la CGT) via @paul_denton https://t.co/E0FRpy7wR8— Marc Endeweld (@marcendeweld) December 5, 2019
Si les économistes à la solde de l’oligarchie leur crie du matin au soir qu’ils ont tort de manifester, que cette réforme est bonne et juste, les Français ne les croient plus sur parole : ils sentent qu’on est en train de les déposséder de quelque chose, et ce quelque chose est la confiance dans l’avenir. L’objectif profond de la soumission du pays aux forces néolibérales c’est que chacun soit inquiet pour son présent et son avenir, et achète de la sécurité : sécurité physique, sécurité sanitaire, sécurité sociale, mais privées cette fois. Les grands groupes sont à l’affût de la dérégulation des nos grands ensembles sociaux :
Ne l'oubliez pas : si #Manu retire sa #réformeDesRetraites, c'est des #milliards qui vont échapper aux #banques, #assurances et autres #fondsCapitalistes. Pour #Manu, ce serait trahir ses maîtres, décevoir ses créateurs...#MacronDégage
— Bassounov (@Bassounov) December 5, 2019
En général, ceux qui veulent vous arnaquer vous rassurent. Et quand ils voient que ça ne marche pas, ils vous cognent dessus. C’est exactement la stratégie de Macron et ses sbires : endormissement et répression. Question répression, les vieux militants CGT habitués à des manifs pépères ont été surpris : la police a cogné, gazé et chargé comme s’il s’agissait de vulgaires Gilets jaunes :
#Paris Des manifestants frappés par les forces de l'ordre à Nation #GreveGenerale #Macron #5decembre2019 #France #ViolencesPolicières
pic.twitter.com/ENX4bz10Is— nonouzi (@Gerrrty) December 5, 2019
Pour bien équilibrer et montrer que les manifestants (pacifiques à 99 %) étaient de potentiels criminels, les sempiternels supplétifs de la police ont commencé à casser pour amalgamer le mouvement à de la violence aux yeux du grand public spectateur.
Paris, place de la Nation#greve5decembre
Heurts sur la place ! Les manifestants sont en et gazés !#ResistSR #GiletsJaunes #BlousesBlanches #StyloSRouges #ISF #RIC #PompiersEnColere #Anonymous #Acte56 #ActeLVI #ensemblesauvonslhopital #PasDeVague #Omertapic.twitter.com/lewHueaLRC
— Gil (@AnonGilet1) December 5, 2019
Pas la peine de s’étendre sur cette manipulation digne des polices politiques les plus collaboratrices. Tous les manifestants ne sont pas des casseurs, mais depuis les 53 samedis en jaune, certains savent se défendre contre la violence oligarchique :
La manifestation de ce Jeudi sera-t-elle un tournant ? un manifestant a été "sauvé" par la foule.. solidarité ! #Retraites #grevedu5decembre #5decembre #GreveGenerale #GiletsJaunes #greve5decembre #france #paris #Macron pic.twitter.com/j5D3lTGpAc
— Le Général (@leGneral2) December 5, 2019
On sent que ces épisodes peuvent basculer dans quelque chose de plus violent. La surdité du pouvoir, qui n’est soutenu que par une minorité silencieuse et des forces de police qui sont en train de perdre l’appui et le respect du peuple, qui joue le pourrissement comme Thatcher contre les mineurs dans les années 80, fait monter les tensions. Le Premier ministre lâchera un peu de lest, devant l’ampleur de la contestation, mais la réforme – ou plutôt la dérégulation – des retraites sera actée. Car le MEDEF le veut, les grands groupes d’assurances le veulent. La voix de millions de Français compte moins que celle de Geoffroy Roux de Beyzieux ou du nouveau PDG d’Axa. La démocratie n’est que le masque de cette dure réalité économique.
Avec le niveau de conscience politique qui est monté, avec le réveil de l’action syndicale et non syndicale, la soumission de la France à l’ordre mondialiste devient plus difficile pour ceux qui ont mis la main sur notre État pour lui ôter sa fonction première : la protection de la Nation et des Français. Les médias collabos continuent à essayer de formater l’opinion, mais le rejet de ces médias est logiquement monté d’un cran. Il ne s’agit pas de violence anti-médias mais bien d’un rejet du mensonge oligarchique.
Le gouvernement cherche désespérément des relais pour mener la bataille de l’opinion #Politique https://t.co/s96Kq222Hn
— Le Figaro (@Le_Figaro) December 5, 2019
Pour l’instant, l’opinion, qui est en recherche de stabilité est de paix, n’a pas encore basculé dans la résistance à la stratégie du chaos.
Pour l’instant.