Samedi 2 décembre 2017, Le Figaro sort un grand article intitulé « Ce big bang de l’audiovisuel public que prépare le gouvernement ». Un serpent de mer dont on entend parler depuis 20 ans environ, les effectifs de la radiotélé nationale ne cessant d’augmenter pour des audiences qui diminuent. Mais le pire, c’est le budget de l’ensemble...
Aujourd’hui, l’audiovisuel public, qui regroupe France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, l’INA et Arte France, emploie quelque 18 000 salariés et vit grâce à une enveloppe de 3,8 milliards d’euros.
Ventilation de cette montagne de fric : 78M pour TV5 Monde, 89 pour l’INA, 250 pour France Médias Monde (les chaînes internationales), 274 pour Arte, 612 pour Radio France et 2 547 (soit 2 milliards et demi) pour France Télévisions.
On vous laisse digérer ces chiffres et on poursuit.
Les charges salariales de cette armée mexicaine équivalant à deux divisions d’infanterie pèsent pour 30% de l’ensemble. Traduction : la Machine bouffe un tiers de ce qu’on lui donne pour chier des programmes. Le nombre de directeurs et sous-directeurs y est tellement indécent qu’on ne donnera pas de chiffres, histoire de ne pas énerver les Français qui bossent dur. Et quand on touche à une chaîne, une station, un effectif, c’est la menace de grève, le chantage à l’emploi, les syndicats qui pleurent, etc.
Le problème surnuméraire, c’est que le tableau ne va pas s’arranger : la masse salariale augmente toute seule – eh oui, ancienneté, copinage, placards dorés et grasses retraites – tandis que le public vieillit. La moyenne d’âge du téléspectateur de France 2 est de 60 ans. Les jeunes ont déserté cette télé non pas de vieux, mais de merde. Donneuse de leçons, pourrie par la propagande, un monument d’indécence et d’incurie. Quant à la mission du service public, « informer, éduquer et divertir », on peut la changer en « désinformer, formater et prendre pour des cons ».
L’audiovisuel public est « la honte de la République », dixit Macron
On ne va pas s’apesantir sur ce qui aurait dû être un service public de l’information, indépendant du pouvoir politique et économique, mais on va vous donner un chiffre, un seul, même si c’est un nombre : l’INA, ces archives de la radiotélé française publique, fonctionne avec 1 000 employés, soit 1 000 fonctionnaires pour privatiser les images que nous avons financées. Car si un petit Français a le malheur de vouloir accéder à une émission, mettons de Maritie & Gilbert Carpentier qui reçoivent Claude François, il lui faudra passer une nouvelle fois à la caisse.
- Pour voir Cloclo, passe à la caisse, petit contribuable !
Même arnaque que les autoroutes. Ce qui aurait dû être public ne l’est objectivement pas. Et les vidéos proposées par l’INA gratuitement sur l’Internet sont tronquées et de mauvaise qualité. Une catastrophe, encore pire que les notes de taxi de l’ancienne boss Agnès Saal. De tout cela il ne ressort que du dégoût.
Où on en était ? Ah oui, la restructuration « Macron » : profitant de la désaffection du public et de l’inertie des syndicats, le président de la République va zapper des chaînes et des stations, ou fusionner ces dernières. Ainsi France 4 et Le Mouv’ peuvent se préparer pour la fosse commune, et France 3 va être mariée de force avec France Bleu. La rédaction de France 2 va fondre et nous, qui sommes pourtant pour un service public de qualité, mais national et social, on est obligés d’aller dans le sens de cette casse. On sait évidemment que ça n’ira pas mieux après, mais cette grosse arnaque devrait nous coûter moins cher.
Pour toutes ces raisons, la redevance annuelle de 138 euros, on aimerait la donner à ERTV ou ERFM. Sérieusement. Si un spécialiste du droit peut nous trouver une solution légale, plutôt que d’engraisser Léa Salamé et ses « amis »…
- L’information de service public
Léa Salamé est-elle « communautaire » ? Ben, euh...
La Salamé-Glucksmann a été attaquée par Mélenchon après la dernière Émission politique, un traquenard – Mélenchon a raison – du libéralisme communautaire. Une émission déontologiquement immonde qui a fait hurler sur les réseaux sociaux, avec une distribution abominable : Philippe Val – Philippe Val, putain ! – en invité surprise, Nathalie Charlie Saint-Cricq en intervieweuse haineuse, Pascal Bruckner en rien du tout et Bernard Kosovo Kouchner dans La Suite… On croit rêver ! Casting suicidaire !
La SDJ de France 2 apporte son soutien à Nathalie Saint-Cricq, Léa Salamé, et François Lenglet, cibles d'attaques odieuses et inacceptables de la part de @JLMelenchon. Indigne d'un responsable politique.
— SDJ France 2 (@SdjFrance2) 4 décembre 2017
Seigneur, ça nous rend Clémentine Autain et Yassine Belattar presque sympathiques ! Comment voulez-vous qu’une telle négation de l’intelligence et du pluralisme soit respectable ? Mélenchon a eu raison d’envoyer valdinguer tout ce dispositif misérable d’agents obsédés par la communauté de Lumière et pas par les préoccupations du peuple français (même s’il a changé le message de la honte). On sait très bien que Mélenchon n’est pas le représentant du peuple, et on s’en fout, il a juste révélé toute l’ingénierie ambiante à son corps défendant, c’est déjà ça. Les téléspectateurs, eux, grâce à ce genre de piège, ont la conscience qui monte, qui monte…
- Le plateau de la honte
Politiquement, Mélenchon a tout à y gagner et il envoie des messages à la « fachosphère » : Marine Le Pen est dans les choux, le FN en perdant sa gauche redevient une annexe de la droite, donc deux heures d’insultes sur le service public socialo-sioniste c’est tout bénef électoralement. Après, ce qu’il va faire de ces voix est une autre histoire. On sait très bien que le Système binaire droite/gauche et pouvoir/opposition joue aux vases communicants : quand le Parti 1 déconne trop, on refile les clés du camion au Parti 2, qui les refile au Parti 1, et le tour de magie de l’alternance est joué. Le camion reste au propriétaire, quel que soit le conducteur. Nous ne fantasmons donc pas sur Mélenchon : c’est un opposant au pouvoir en place, pas au Système ! Opposant au pouvoir visible, pas au pouvoir profond.
La population de #VillarsLesDombes s'oppose à la préfecture qui impose le logement des #clandestins dans un hôtel.
Oui au logement des SDF, non à l'accueil des clandestins ! pic.twitter.com/LVT8rdyzdo
— Tancrède ن (@Tancrede_Crptrs) 2 décembre 2017
On reste quand même sidérés par le fait que 66% des Français ont voté pour Macron. Les habitants de Villars-Les-Dombes vont se taper 90 migrants et ils ne sont pas contents. Combien parmi eux ont voté Macron sans comprendre ? Ils engueulent le sous-préfet mais ce dernier ne fait que relayer les ordres. Si on remonte la chaîne de commandement, on tombe sur qui ? Eh bien on ne le dira pas. C’est notre secret.
La nouvelle optimiste de ce mardi 5 décembre en France macronique, c’est Blanquer qui impose une dictée par jour en primaire, l’école, pas l’élection. Pendant 30 ans, les socialistes et leurs relais syndicaux ont déglinqué l’école, maintenant il faut reconstruire à partir des ruines, pierre par pierre, et ça va être du boulot. Dans le classement mondial, on est loin de la Russie ! Et le niveau des enfants, c’est notre futur.
Mais il y a une contradiction : si on arrête de baisser le niveau et qu’on produit des gosses conscients, qui deviendront des adultes conscients, comment pourra-t-on entuber ces derniers ? Le pouvoir profond, pédophile dans l’âme (il « baise » ses sujets), ne le permettra jamais.