Le 10 avril 2012, le candidat Hollande déclarait :
« Il me sera également nécessaire de renforcer la place de notre langue dans la recherche et l’enseignement supérieur, de façon à constituer un véritable espace scientifique francophone de la connaissance, à travers des mesures très concrètes telles que l’aide à l’indexation des publications. A fortiori, en France, je veillerai à ce que les règles soient respectées dans les colloques, les publications et les cours eux-mêmes. »
Il ne lui aura pas fallu un an pour trahir également cette promesse-là. A la stupéfaction générale, on apprend qu’un projet de loi scélérate (la loi Fioraso, un nom à retenir), sous couvert d’augmenter « l’attractivité universitaire de la France », tend à imposer d’enseigner en anglais dans les universités et grandes écoles de France, y compris pour les Français.
Qui va les arrêter ?
Le français, n’en déplaise aux pédants, aux imbéciles et aux ignorants, est la langue de la République, celle du peuple, pour le peuple et par le peuple. Et le peuple français, quand on l’interroge, dit et redit, répète et serine, que son identité c’est, d’abord et avant tout, sa langue. Celle qu’on dit de Molière et de Descartes, de Rousseau et de Villon, mais qui est surtout celle de la boulangère et de l’instituteur, celle de l’ouvrier et de la ménagère, de l’ingénieur, l’agriculteur et l’électricien, celle du peuple français, de quelque origine, race ou religion qu’il soit.
Déjà à longueur d’émissions télévisées, de débats, d’affiches, de slogans politiques ou publicitaires, d’enseignes et de titres, on humilie le peuple français en le coupant de ses racines linguistiques, en l’obligeant à recourir à un dictionnaire d’anglais ou à se sentir exclu : la France appartient-elle aux anglophones ?
Professeur de droit public à l’université de Rennes, Anne-Marie Le Pourhiet a adressé au Secrétaire perpétuel de l’Académie française une lettre demandant que la vénérable institution fondée par Richelieu en 1635 fasse son travail. Et qu’elle daigne se pencher sur la confusion induite par la notion de « mariage de personnes de même sexe » qui, dit-elle, « contient une série de dispositions problématiques au regard des règles de la langue française, des définitions académiques et de leurs racines étymologiques. »
Le bon sens par l’étymologie, le combat par la précision du langage. Par la langue française. Cet éminent professeur retrouve le bon sens du philosophe chinois Confucius qui, au Vème siècle avant JC, conseillait à son empereur qui ne savait comment rétablir l’ordre en une période de déboussolement : « Sire, il faut commencer par rétablir le sens des mots ! ».
Sans se faire d’illusion, et parce que c’est apparemment la seule option qui lui reste, la France manifeste, la France pétitionne.
Régulièrement elle vote, et on prétend encore sans rire qu’il s’agit là d’un droit essentiel, quand il apparaît de plus en plus clairement qu’il ne s’agit pour les Français que d’élire des maîtres choisis par leurs maîtres.
Quand, par extraordinaire (comme en mai 2005), on leur demande de s’exprimer par référendum, on s’empresse de bafouer leur vote si celui-ci n’a pas l’heur de satisfaire les puissants.
Rien ne viendra du sommet, nos élites se courbant de plus en plus sous le joug de leurs maîtres. La base, rongée par tant d’autres problèmes, n’obtiendra pas plus pour cela que pour le reste, qu’on lui donne une parole depuis longtemps muselée.
Reste le dense, l’immense maillage de nos 36 000 communes. C’est à chacune d’elles qu’échoit aujourd’hui la responsabilité de reprendre le flambeau du combat pour la France qu’est le combat pour la langue française.
Initiée par l’ALF1, la campagne Communes de France pour la langue française consiste à faire adopter par les conseils municipaux le manifeste proposé (qu’ils sont d’ailleurs libres de modifier, par exemple en affirmant que leur attachement profond à la langue de la République est compatible avec l’amour de leur langue maternelle, si elle est d’un terroir français ou étrangère).
La vox populi connaîtra ainsi, au fur et à mesure des votes, une montée politique médiatisée qui équivaudra en 2014, au moment des élections municipales, à ce réferendum d’initiative populaire que nos dirigeants veulent à tout prix éviter. C’est ainsi que, de ville en village, de petite bourgade en grande cité, se formera la vague puissante capable de sauver notre bien commun.
La vague du peuple français pour la langue française. Le plus beau fleuron de notre patrimoine.