Pauvre Sophia. Son émission ressemble à s’y méprendre à une parodie d’émission foirée. La preuve qu’on est chrétiens, c’est qu’on aurait dû la descendre médiatiquement, comme tous ceux qui l’ont élevée au rang dangereux de Reine de l’Humour. Mais nous, depuis le départ, avant même ses billets propagandistes de France Inter, on sait que c’est une calculatrice bien-pensante survendue.
Et comme toujours, c’est la vanité qui fait chuter : quand on est en surclassement, on tombe de haut, précisément de la hauteur de sa vanité. Sophia a juste oublié une chose : que les « gros cons qui votent Front national » forment une partie non-négligeable des téléspectateurs du service public.
- Un merveilleux produit, hélas gâché par la gauche du même nom
Pour faire vite, la Franco-marocaine sort de l’anonymat grâce à un étonnant article du Monde, qui la consacre brusquement, le 6 mars 2008, deux jours avant la Journée de la Femme. Pas beaucoup d’humour, mais le CV parfait : femme, mignonne, intelligente, issue de la diversité, bien-pensante, israélofriendly (elle appelle son fils Chaïm, qui veut dire « vie » en hébreu), minoritaire (« En seconde, nous étions deux Maghrébines dans la classe »), mais surtout souffrant atrocement de discrimination : « Pour les directeurs de casting, je n’étais pas assez typée comme beurette mais je l’étais trop pour des rôles de Française. »
Il faut savoir que le couple Aram/Cambillard (c’est son mari et coauteur) est très apprécié dans l’univers de la gauche caviar, cette élite qui décide de qui mérite un bon ou un mauvais article dans la Pravda. Dès que le papier sort, le téléphone rugit : journalistes, producteurs, people, copains, parasites, c’est le harcèlement de la Gloire. Ensuite, comme on dit dans le métier, « elle remplit ».
- Sophia a beaucoup d’amis haut placés
Remplir, l’obsession. « Kev Adams il est nul à chier des boulons de 12 mais il remplit, lui », entend-on dans le milieu. En vérité, malgré toutes les campagnes de mensonges (on dit « promotion »), la plupart des comiques ne remplissent pas, parce qu’il sont des centaines sur un marché en contraction. Ou alors à coups de BilletReduc à moins 30, moins 50, voire moins 70 %. Humour en série et en solde.
Pour être honnête, démarrer son spectacle avec BilletReduc minimise le risque financier et maximise l’impact : une salle sans trous, c’est mieux pour l’artiste. C’est comme le TGV. Interrogez dans la rame qui a payé quoi, vous allez tomber de votre fauteuil (sale) : il y a les naïfs qui payent plein pot, les flippés qui achètent leur billet deux mois à l’avance, les escrocs qui font de fausses résa sur leur iPhone (en hausse), les abonnés, et puis les employés SNCF, qui payent que dalle. Sans compter que ça va encore augmenter !
- L’amour est dans le pré. Saurez-vous le trouver ?
Le pire, dans cette histoire, hormis que ceux qui l’ont élevée l’ont aussi descendue (on ne cautionne pas cette lâcheté médiatique) – sauf Le Monde, qui cherche sur la pointe des pieds une porte de sortie – c’est que sans le savoir, elle chauffait la place à Alessandra Sublet, qui sort de France5 et de grossesse. Eh oui, même sur le service public, réputé déontologique, on peut boucher un trou avec une vaniteuse en attendant l’arrivée de la princesse de l’audience, la fabuleuse, l’ex… euh, chro, chroniqueuse, de Christophe Dechavanne dans CCC (Combien ça coûte, le tiroir-caisse pendant 20 ans de Coyote). Les animateurs potentiels qui étaient au jus ont soigneusement évité de prendre les coups en refusant la tranche empoisonnée. On trouve toujours plus aveuglé d’ambition que soi.
Breaking news – les dernières nouvelles en provenance de France2 nous indiquent que c’est Laurent Ruquier qui tiendrait la corde (pour pendre Sophia) : la machine à jeux de mots pourraves a rendez-vous ce lundi 28 octobre 2013 avec la direction de la chaîne pour une reprise après décembre… Vous allez voir qu’on va finir par regretter la gerboise : au moins, avec elle, on rigolait, méchamment, certes, mais on rigolait.
- Sophia grignote son petit bout de redevance
Allons, c’est pas tout de la faute de Sophia cet accident industriel qui fait hurler les journalistes du 20 heures de France 2, l’effondrement de l’audience de l’access privant le JT de gros bataillons de téléspectateurs et la pub d’un tas de cerveaux disponibles. Déjà qu’il manque 100 millions cette année au groupe…
Au lieu de proposer une info pour atrophiés du cortex et d’accuser la gerboise du désert médiatique, ils feraient mieux de se tourner vers les vrais responsables, à savoir le (désormais ex-) directeur des programmes de France 2 Philippe Vilamitjana et sa hiérarchie, l’armée mexicaine directoriale de l’audiovisuel de service public. Le même Philippe qui promettait à propos de Jusqu’ici tout va bien dans Libé (27/08/13) : « Ce sera audacieux. Toutes les cinq à dix minutes, il se passera quelque chose. » Effectivement : on zappe.
Bon Dieu mais ça, c’est de l’humour, Philippe ! C’est toi qui dois descendre dans la case sinistrée sauver Sophia de la foule redevancière en colère ! Un bon officier n’abandonne pas ses soldats au front.
Un service public très privé
France CopinageEn juin 2013, France Télévisions achève avec Alcaline l’appel d’offres pour l’émission musicale qui remplacera Taratata de Nagui, malgré ses 200 000 soutiens (inutiles, comme toutes les e-pétitions) sur Facebook et Twitter. C’est la société d’un grand ami de Philippe Vilamitjana qui remporte le marché (Grand Angle Productions, avec Angora Production), qui jusque-là produisait des reportages pour Thalassa, émission dans laquelle Philippe a gravi les échelons, jusqu’à en devenir rédacteur en chef. C’est peut-être le chant des baleines qui l’a inspiré…
De la même façon, c’est à un autre ami, Gérard Pont, fondateur de Morgane Groupe et repreneur des Francofolies, que Philippe confie la co-production de l’émission de Sophia Aram. On a vu le résultat. À sa décharge, c’est une des premières émissions qui a communiqué, une fois n’est pas coutume (France Télévisions n’aime pas ça car ça crée un réflexe poujadiste chez le téléspectateur), sur son budget : 70 000 € l’unité. Sauf que les producteurs, et le mari de Sophia, inscrit au générique, ont oublié 15 à 20 000 € de CNC, ce qui porte le total à près de 90 000 €, soit un budget monstre en access, surtout pour une audience aussi basse. Rappelons que l’aide peut être accordée à un magazine (télé) qui présente un « intérêt culturel ». Les rieurs du fond de la classe, vous sortez. Normalement, le CNC, qui soutient les fictions, n’aide pas les émissions de plateau, sauf s’il y a des reportages. Qu’à cela ne tienne : un petit tour de passe-passe, et l’émission de divertissement devient un magazine, au même titre qu’Envoyé spécial (qui touche le CNC sur une partie de ses sujets). Cependant, l’émission ne figure pas dans la liste des « aides » officielles du CNC, et le CNC ne figure pas dans le générique de l’émission. Il y a donc un loup, comme dit Martine, de Lille.
Oublions la rancœur et les calculs, embrassons Sophia, qui s’en remettra, et finissons sur une note populaire et positive, l’avis d’une internaute :
« alcaline on s’en fiche on veux taratata si non pourquoi pas faire comme en gréce fermer France télévision pour ce qu’ils font de notre redevance cela nous ferait des économie !! »
Qui a laissé passer ça ?
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