L’association Dialogue franco-russe reçoit l’historien militaire Sylvain Ferreira pour parler du rapport de l’Occident au monde russe.
L’hystérie propagandiste à laquelle on assiste depuis maintenant à peu près deux ans est unique dans notre histoire commune, on n’a jamais vu ça. Ce que craignais Maria Zakharova au 75e anniversaire du Débarquement, on est allés encore plus loin aujourd’hui. Donc effectivement, on peut craindre que, en Occident, on finisse par oublier que le rôle majeur, essentiel et premier dans la victoire contre le nazisme a été joué par les peuples de l’Union soviétique et par personne d’autre. Donc oui, on peut malheureusement le craindre parce qu’il y a cette fâcheuse tendance de vouloir passer ça pour pertes et profits, et je dirais même que c’est pire que de les oublier, c’est qu’on est en train, peu à peu, de nous faire croire que les gens qui étaient face aux peuples de l’Union soviétique, face à l’Armée rouge, bah finalement ils n’étaient pas si méchants que ça ; quand on voit ce qu’on nous dit des anciens SS baltes, des anciens SS ukrainiens ou ce genre de choses, on a l’impression que finalement c’était des patriotes, alors ils avaient trouvé un moyen d’expression de leur patriotisme dans la Waffen SS, mais c’est pas si grave parce qu’ils étaient opprimés par Staline. Là, on avait jamais entendu ça à l’époque des pires heures de la guerre froide. […]
Je constate aujourd’hui qu’aux États-Unis on est moins dans l’hystérie et moins dans la folie de cette espèce de réécriture de l’histoire que celle à laquelle on est confrontés ici en Europe et en France en particulier, parce que je pense nous, là en France, on a touché le fond. On est le pire pays, je pense, en Occident, dans la façon dont on aborde notre rapport au monde russe et à la Russie aujourd’hui, et à son histoire avec nous.