Dans un message vidéo de 7 minutes diffusé mercredi 27 juillet – mais qui aurait été enregistré en juin -, le nouveau chef d’Al-Qaida Ayman al-Zawahiri a apporté son soutien plein et entier aux opposants syriens, les exhortant toutefois à ne pas remplacer Bachar al-Assad par un régime pro-américain.
Décernant aux activistes anti-Baas le label officiel de « moudjahidins« , le successeur d’Oussama ben Laden les a félicités de « donner des leçons à l’agresseur, l’oppresseur, le traître, le déloyal, et de se dresser contre son oppression« . L’ »agresseur, le traître, etc » c’est donc Bachar al-Assad, dont le plus grand crime aux yeux d’al-Zawahiri est certainement de mainternir un régime officiellement et effectivement laïc.
Ce soutien d’Al-Qaida aux opposants syriens – armés ou non – aurait du ne pas être uniquement rhétorique : al-Zawahiri était en effet disposé à faire profiter les Syriens de son « expertise » en matière de lutte armée, développée notamment dans l’Irak voisin ces dernières années.
Oui, mais malheureusement, la guerre en cours entre les Etats-Unis et leurs alliés et Al-Qaida, ainsi que les « barrières et frontières » séparant les pays arabes et musulmans ne lui permettent pas de rejoindre la lutte du peuple syrien… Mais le n°1 d’Al-Qaida proteste de sa bonne volonté : « S’il n’y avait eu ces problèmes, mes frères et moi-même seraient parmi vous et avec vous, et vous défendraient avec nos vies » tient-il à assurer les anti-Bachar.
Tout de même, al-Zawahiri tient à donner un conseil « d’ami » aux manifestants et activistes : les Américains, explique-t-il, veulent remplacer le pouvoir syrien actuel par « un nouveau régime qui trahira votre révolution et votre djihad en suivant l’Amérique et en prenant en compte les intérêts israéliens, tout en accordant à l’Oumma (communauté des croyants de l’Islam) quelques libertés. »
Déjà en butte a l’action de groupes armés salafistes et liés à certains régimes sunnites du Golfe, la Syrie baasiste se voit à présent excommuniée par la mouvance la plus radicale de l’islamisme militant. C’est finalement plutôt une bonne nouvelle pour le président Bachar : avec un ennemi comme celui-ci, on a moins besoin d’alliés. On souhaite en revanche à Barack Obama, Hillary Clinton, David Cameron, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé de gérer au mieux ce « renfort » politique…