L’appel du pape François à jeûner et prier samedi contre toute solution armée en Syrie a déjà recueilli des adhésions au-delà de l’Eglise catholique, parmi les musulmans et non croyants et au sein du gouvernement italien.
Selon plusieurs grands journaux italiens, le grand mufti Ahmad Badreddin Hassoun, chef de l’islam sunnite en Syrie, a accueilli favorablement l’appel : il voudrait même se rendre sur la place Saint-Pierre - même si sa présence est peu probable - et a demandé aux fidèles musulmans de s’associer à la prière du pape.
Une autre adhésion insolite a été enregistrée : celle de la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, une athée convaincue membre du Parti radical connu pour d’âpres luttes dans les années 70 pour le divorce et l’avortement, qui s’est dite prête à jeûner aussi pour la paix.
"Il y a des prières laïques auxquelles je tiens énormément. La non-violence est dans mon ADN, et je ne me défile jamais devant une initiative non violente", a-t-elle expliqué, alors que l’Italie s’est positionnée contre une intervention militaire en Syrie.
Le ministre italien de la Défense, Mario Mauro, un catholique conservateur, a indiqué vouloir participer au jeûne.
D’importants mouvements catholiques comme les Focolari et Sant’Egidio - très engagés dans les négociations discrètes de paix sur divers continents - ont affirmé leur plein soutien à l’initiative du pape.
François avait demandé aux chrétiens de toutes confessions, aux croyants des autres religions, aux athées de s’associer à son appel. Il a appelé les catholiques à jeûner et organiser des veillées de prière samedi.
Lui-même présidera une veillée de 19H (17H00 GMT) à 23H qui réunira des milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre : la récitation du Rosaire, une bénédiction et un temps d’adoration du Saint-Sacrement (l’Eucharistie), avec probablement un discours du pape, sont prévus lors de cette cérémonie très sobre, indique-on au Vatican.
"Nous voulons que dans notre société, déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix", a encore tweeté mardi le pape François.
Sans faire aucune allusion à la Syrie, dans son homélie quotidienne à la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, François a fait remarquer mardi : "Jésus n’a pas besoin d’armées pour vaincre le mal, sa force est l’humilité".
La diplomatie vaticane a actionné tous ses canaux, avec tous les instruments possibles, a commenté le quotidien du Vatican, l’Osservatore romano.
La Secrétairerie d’Etat a convié jeudi matin tous les ambassadeurs accrédités auprès du Vatican à un briefing pour expliquer le sens de l’initiative.
Le Vatican a aussi entrepris d’informer les conférences épiscopales, les autres Eglises chrétiennes et les autres religions.
Dans une interview diffusée dans les nombreuses langues de Radio Vatican, le secrétaire du Conseil pontifical Justice et paix, Mgr Mario Toso, a évoqué le risque d’une guerre de dimension mondiale et ajouté : "comme l’a fait comprendre le pape François, on peut être angoissé face aux développements qui s’annoncent, à la vue de la façon dont réagissent les grands de la terre".
Une claire allusion notamment aux Etats-Unis et à la France.