Le Conseil national syrien, le groupe le plus important de l’opposition, ne participera pas à la conférence de paix Genève-2, et menace de se retirer de la coalition anti-régime si celle-ci y prenait part, a affirmé son chef dimanche.
"Le CNS, qui est le plus grand bloc politique au sein de la Coalition, a pris la ferme décision (...) de ne pas aller à Genève vu les circonstances actuelles sur le terrain en Syrie", a affirmé à l’AFP le chef du Conseil Georges Sabra (photo ci-dessus), dans un entretien téléphonique.
"Cela veut dire qu’il ne restera pas au sein de la Coalition si celle-ci y va", a-t-il ajouté. La Coalition a fixé comme condition à sa participation à une telle conférence le départ du président Bachar al-Assad.
"Si la Coalition décide d’y aller, nous, nous n’irons pas", a martelé M. Sabra, invoquant les souffrances endurées par la population en raison de la guerre menée par le régime contre les rebelles.
"Les habitants de Moadamiyat al-Cham (localité rebelle bombardée par l’armée près de Damas, ndlr) meurent de faim, la Ghouta (région de la province de Damas) est assiégée et (le régime) interdit même d’y faire entrer du pain, est-ce que ce sont les conditions qui permettent de parvenir (...) à une transition démocratique en Syrie ?", s’est insurgé M. Sabra.
La Russie et les Etats-Unis souhaitent convoquer à la mi-novembre une conférence internationale de paix sur la Syrie, dite Genève-2, qui vise à réunir à une même table le régime syrien et l’opposition pour trouver une solution politique.
Fin septembre, le chef de la Coalition syrienne, Ahmad Jarba, avait affirmé au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon que la Coalition était disposée à envoyer une délégation à cette conférence, selon un porte-parole de l’ONU.
Le CNS, au sein duquel siègent notamment les influents Frères musulmans de Syrie, a été la tête de file de l’opposition contre le régime Assad, avant de rejoindre laborieusement en novembre 2012 plusieurs nouveaux groupes pour former la Coalition nationale de l’opposition.
Il rassemble les faucons de l’opposition, qui excluent toute amorce de négociation avant le départ de M. Assad du pouvoir.
M. Sabra a confirmé à l’AFP que la démission de M. Assad restait la condition avant toute négociation.
Le CNS a pris la décision de boycotter Genève-2 après deux jours de réunion à Istanbul.
Elle intervient à la veille d’une rencontre entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et Lakhdar Brahimi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, sur la préparation de Genève-2.
M. Sabra a accusé la communauté internationale d’avoir laissé le régime impuni après l’attaque chimique du 21 août près de Damas qui a fait des centaines de morts et a été attribuée à l’armée syrienne par l’opposition et des pays occidentaux.
Cette attaque avait fait planer la menace de frappes occidentales contre le régime, écartées par une résolution à l’ONU sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Le régime a reçu depuis des éloges internationales pour sa coopération avec les inspecteurs en désarmement, en Syrie depuis le 1er octobre pour superviser cette opération.
"La communauté internationale s’est concentrée sur l’arme du crime, qui est l’arme chimique, et elle a laissé le meurtrier impuni et oublié les victimes" a déploré M. Sabra.
Et d’ajouter le contexte régional et international ne donne pas l’impression que Genève-2 va offrir quoi que ce soit aux Syriens. Nous ne participerons pas à une conférence qui vise à cacher l’impuissance de la politique internationale.
La décision du CNS risque d’approfondir encore les divisions au sein d’une opposition déjà très fragmentée et affaiblie par un désaveu des principaux groupes rebelles armés sur le terrain.