Le Parisien de ce 12 juin 2012 annonce avoir eu accès aux retranscriptions de deux enregistrements vidéos réalisés par Mohamed Merah le 22 mars dernier à Toulouse, à la fin du siège au cours duquel il a perdu la vie :
C’est un document explosif, qui pose autant de questions qu’il apporte de réponses. « Le Parisien-Aujourd’hui en France » a pu se procurer la retranscription des deux enregistrements vidéos réalisés par Mohamed Merah le 22 mars dernier à Toulouse, à la fin du siège au cours duquel il a perdu la vie. D’après ce document, révélé ce mardi matin par le quotidien algérien « Echourouk », Merah était bel et bien « traité » par les services secrets français.
Le parquet de Paris a dans la foulée demandé communication de ces enregistrements vidéo mais n’avait reçu aucune réponse en fin d’après-midi.
Il se filme au téléphone, pendant le siège, en train de parler avec celui qu’il pensait être son ami, et dont il connaissait le prénom : un certain Zouhair. D’après ce qu’il dit, Mohamed Merah a découvert que Zouhair n’était qu’un pseudo, et que cet homme dont il se disait proche est en fait un capitaine des services français dont il a fini par trouver l’identité, et dont il cite distinctement le nom de famille.
« C’est toi qui m’a mis dans cette histoire et cette galère », dénonce Merah avant, dans un appel ultérieur, de rappeler à son interlocuteur quels ont été leurs liens : « rappelle toi, lui dit Merah, que tu m’as envoyé en Irak, au Pakistan, en Syrie pour aider les musulmans, et après je découvre que tu es à la solde des services français, que t’es un criminel et que tu es un officier des services, sale traître. » A l’autre bout du fil, son interlocuteur confirme à demi-mots : « Ce qui est passé, c’est arrivé, maintenant il faut que je te sauve la vie, et te sortir de cette affaire, rend toi ou tu me laisses entrer et je récupère tes armes ? »
« Tout laisse penser à un véritable scénario aboutissant à sa mort »
Le Clan des Vénitiens, le blog des amis de Paul-Eric Blanrue, nous propose une traduction des retranscriptions :
1° La première bande : entre Mohammed Merah et un certain "Jossier," (Jussayer ?) capitaine dans le Renseignement français....
La bande débute avec une image de l’intérieur de la maison de Merah, avec des échanges de tirs très fournis, qui ont duré environs quatre minutes. Il portait des vêtements maculés de sang, notamment sur son épaule gauche. Ensuite, Mohammed se filmait en disant : "Il n’y a de dieu hormis Allah et Mohammed est son Prophète". Il s’écroule ensuite en larmes.
L’appelant : Allô, Mohammed, sors et rends-toi, personne ne te fera de mal, tu me connais et tu connais ma parole...
Mohammed : Va au diable espèce de traitre, pourquoi vous voulez me tuer aujourd’hui qu’ai-je fais ? je n’ai rien fait, je n’ai tué personne. C’est toi qui m’a amené dans cette situation et je ne te le pardonnerai pas".
L’appelant : Ca ne te servira à rien de rester longtemps ici, si tu ne m’écoutes pas, je ne pourrais plus gérer la situation demain et je ne pourrais plus t’aider, Alexandra mon chef a ton dossier et il promet qu’il sera avec toi jusqu’à la fin !
Mohammed : Comment tu peux m’aider alors que c’est toi qui est responsable de cette situation, Monsieur le capitaine Jossier, (? Jossayer) je connais ton vrai nom et toi qui nous trompais avec le nom de "Zouhir" (ou Z’hir), espèce de traître à sa propre religion et ses frères de sang !".
L’appelant : Mohammed, rends-toi, on t’aidera du mieux qu’on pourra, nous ne te laisserons pas tomber, tu comptes énormément pour nous. Comme gage de ma bonne foi, je rentre dans la maison et si tu veux on discute face à face.
Mohammed : Espèce de traître... Des coups de feu se font entendre de la maison et en dehors, l’appel est interrompu.
Mohammed se filme en pleurant et en disant : "Il n’y a de force qu’en Allah, je croyais que ce traitre Zouhir était musulman et qu’il aime l’islam et la religion de Dieu, mais il semble qu’il travaille comme capitaine dans les renseignements français, ennemi de Dieu, mécréant"...en pleurant.
Le silence se répand et Mohammed perd du sang de son épaule gauche, il porte un turban et de temps à autre, il faisait une prière ("Il n’a y a de dieu hormis Allah... que Dieu détruise les associateurs") quatre fois.
Le téléphone sonne une fois encore, c’est une musique "jihadiste". ("nous rentrons ouvertement en guerre contre eux et reprendrons le droit qui a été volé").
L’appelant : Allô, Mohammed écoute ce que je dis, ce que tu fais menace ta vie et la vie de ta famille...ta mère, ton frère Abd El Kader et ceux que tu aimes. Écoute-moi et crois-moi, je ferai l’impossible pour régler ce problème et tu seras propre, comme avant. Tout va s’arranger, rends-toi ou sinon reste dans la maison et je rentre pour qu’on sorte ensemble pour que personne ne te fasse de mal. Tu es quelqu’un de sensé Mohammed, quel est l’intérêt de mourir de cette manière en laissant ta famille qui a souffert pour toi.
Mohammed : Tu veux me liquider et m’assassiner seul dans la maison... Ensuite, vous faites votre film.... Ceci ne sera pas....pour ma mère et ceux que j’aime, Dieu les protégera, Il est leur allié. Tu n’est qu’un ignoble qui a vendu sa foi et sa vie d’ici-bas pour les chrétiens haineux... et aujourd’hui vous voulez me tuer alors que je suis innocent, je n’ai rien fait ! Pourquoi vous voulez me tuer, je suis innocent...je suis innocent !
Mohammed : Pourquoi vous tirez avec des pistolet silencieux ? vous voulez me tuer, vous ne voulez pas que je vive, pourquoi faites-vous ça ? c’est contraire à ce que vous prétendez comme "droit de l’homme" et la clémence !
L’appelant : Mohammed, en agissant comme ça, tu laisses les choses empirer et d’autres vont intervenir... Tu seras peut être blessé, ainsi que ta famille...É coute mon conseil, rends-toi ou laisse moi venir te chercher, je prend ton arme... rien ne peut t’aider aujourd’hui...
Mohammed : C’est mal ce que tu fais "Zouhir", tu m’as envoyé en Irak, le Pakistan et la Syrie pour aider les musulmans et ensuite tu apparais comme un criminel et capitaine dans les renseignements, je ne te pensais pas comme ça, jamais !
L’appelant : Mohammed, ce qui est fait est fait, le plus important maintenant est que tu sauves ta vie, je te sortirais de cette affaire....rends-toi ou permets-moi de rentrer chez toi et de prendre ton arme.
Mohammed : Je ne sortirais d’ici que mort, vers le paradis de mon Seigneur...Dieu est grand ! (tirs)...
L’appel s’interrompt et un échange de tirs s’ensuivit, avec le bruit des balles et des armes silencieuses.
Mohammed parle et se filme :
"Ne crois pas que ceux qui sont tué dans le sentier d’Allah sont mort, mais bel et bien vivant recevant les bienfaits de leur Seigneur. Heureux de ce que Dieu leur a octroyé"
"Ne dites pas nous avons perdu un martyr sous la terre, seul et apeuré...Je ne suis pas mort, les anges sont autours de moi..."
2° Deuxième enregistrement
L’appelant est Jean Daniel (ou John Daniel) des Renseignements français.
L’appelant : Mohammed, rends-toi c’est Jean Daniel avec toi, des RG. Personne ne te fera de mal si tu sors de la maison et que tu déposes les armes.
Mohammed : Qui garantit ce que vous dites ?
L’appelant : Tu veux qu’on ramène ta mère pour parler avec elle ? Ta fiancée ?
Mohammed : Je ne veux voir personne, je ne veux pas l’entendre et je ne veux entendre personne d’autre, vous voulez me mettre la pression en les ramenant.
L’appelant : Non, nous sommes des gens civilisés, tu connais la France, nous ne te ferons pas de mal, ni toi ni ta famille, rends-toi, ce qui s’est passé va être arrangé et tu ne seras pas poursuivi par la justice.
Mohammed : Qui garantit ça ?
L’appelant : J’ai des ordres de mes supérieurs, personne ne te fera de mal et personne ne te poursuivra en justice, toute l’opération est arrangée pour toi afin de te sortir de cette affaire...innocent.
Mohammed : Envoyez-moi une équipe de média pour qu’ils filment ce qui se passe en direct.
L’appelant : Je vais voir ce que je peux faire. Mohammed, ne tire pas sur les deux personnes qui vont s’avancer vers la porte dans pas longtemps, ce sont deux journalistes.
Mohammed : Qui prouve qu’ils sont journaliste et pas des hommes à vous ?
L’appelant : Tu as notre parole qu’ils sont journalistes et ils vont transmettre tout ce que tu dis en direct.
Mohammed : Avant ça, je veux parler avec ma mère et mon frère Abd El Kader.
L’appelant : Quand tu sors tu pourras leur parler de vive voix. Nous changerons ton identité et ton adresse, tu vivras loin des projecteurs et des problèmes.
Mohammed : Ils ne s’approchent de la porte qu’avec des caméra sur la tête.
L’appelant : D’accord.
Mohammed : Pourquoi les journalistes portent des vestes, n’ai-je pas exigé qu’ils viennent en tricot ?
L’appelant : Il fait froid, il ne peuvent pas enlever leurs vêtements.
Mohammed : Vous voulez me tuer, ce sont des policiers qui portent des gilets pare-balles...Dieu est Grand... Des coups de feu sont tirés, le bruit d’un tir d’un sniper...
Mohammed prend le téléphone et se filme en parlant :
"Vous musulmans, ne laissez pas les chrétiens vous tuer, je suis par Dieu innocent, j’ai découvert que mon meilleur ami "Zouhir" travaille pour les renseignements français, lui en qui j’avais le plus confiance...Seigneur vers toi je me tourne, Seigneur, tue-moi dans ton sentier.
"Zouhir" m’a envoyé en Irak à Kirkuk et j’ai contacté les combattants, j’ai eu des bonnes relations avec eux. J’ai ensuite été en Syrie, à Alep, ensuite j’ai été à "Diar Bark" dans le Kurdistan, ensuite en Algérie à Boumerdes et Tizi Ouzou... j’ai contacté des combattants et eut de bonnes relations avec eux...Ce traitre m’a utilisé comme outil pour faire du mal aux musulmans combattants...que Dieu le maudisse, je ne lui pardonnerai jamais...
Peut être que ces mots que j’enregistre n’arriveront pas à ceux qui cherchent la vérité, peut être qu’ils me tueront et personne n’en entendra parler. Je ne sais pas ce qu’ils me préparent pour qu’il m’accusent d’assassiner les gens, je suis innocent, pourquoi ils veulent me tuer ?"
L’image devient noire (le téléphone tombe de sa main) et le Saint Coran retentit du téléphone, il (Merah) écoute le Chapite Al Anfal.
3° Dernière conversation à la fin de l’enregistrement
L’appelant : Parlant en arabe..."Es’salamou alaykoum wa rahmatou’Allah wa barakatouhou" (Que la paix, la clémence et les bénédictions de Dieu soient sur toi) Mohammed, je suis le Sheikh Abou Is’haq "de Toulouse".
Mohammed : "Wa alaykoum essalam wa rahmatou’Allah wa barakatouhou" " (Que la paix, la clémence et les bénédictions de Dieu soient également sur toi)..Dis-leur Sheikh qu’ils me fasse pas de mal, par Dieu je suis innoncent, je n’ai rien fait. Ceux sont des chrétiens haineux qui veulent nous combattre et nous tuer.
L’appelant : Rends-toi mon fils, ils ne te ferons pas de mal, le monde entier suit ton affaire, ils ne te trahirons pas.
Après cela, des coups de feu sont entendus, on entend la récitation du Coran dans l’enregistrement jusqu’à sa fin.
Traduction effectuée par Salim Bouterfas et les arabophones du Clan des Vénitiens.