Chaque jour, Le Monde en ligne alimente son fil « En direct, guerre en Ukraine. » Les brèves s’enchaînent autour du grand conflit qui oppose l’OTAN à la Russie sur le sol ukrainien.
De manière indirecte, le journal des Lobbies et des Marchés suggère que les Russes commettent des crimes de guerre, en insistant sur les frappes qui font des victimes civiles. Il n’est pas rare que le quotidien titre, comme ici, sur « trois personnes tuées » :
Sans surprise, le fil similaire sur les exactions israéliennes en Palestine (Gaza et Rafah) ne focalise pas sur les victimes civiles palestiniennes, qui sont pourtant beaucoup plus nombreuses que les victimes civiles ukrainiennes.
Au contraire, le journal communique sur le nombre de combattants du Hamas éliminés, oubliant les victimes civiles, qui sont probablement dix fois plus nombreuses.
On apprend quand même que « deux militaires israéliens » ont été tués dans la bande de Gaza. Il ne manque plus que les noms, qui personnifient les victimes, et leurs portraits souriants en pleine jeunesse, comme la propagande israélienne a l’habitude de le faire.
Dans son point sur « la situation à l’aube du 31 mai 2024 », dès 5 heures du matin, Le Monde reprend sans sourciller les propos de Netanyahou sur LCI, oubliant de rappeler que le Premier ministre israélien est accusé de crimes de guerre.
Lors de son interview jeudi soir sur LCI, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a répété la position officielle vis-à-vis de l’opération militaire israélienne à Gaza, notamment que « le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants [palestiniens est] le taux le plus bas qu’on a vu dans une guerre urbaine ». Il a qualifié de « calomnies antisémites » les accusations contre Israël de cibler des civils ou de les affamer.
Cette brève méritait un minimum de commentaire, mais nous sommes sur un fil factuel, ouf ! Il suffit de prendre les bons faits, de laisser les mauvais de côté, et le tour est joué. Pourtant, Netanyahou a sorti des énormités.
#gaza #Lci @majedbamya "pourquoi Israel serait le seul pays au monde qui ne peut pas être sanctionné" pic.twitter.com/fOIwOmWao5
— Ulyss (@achabus) May 30, 2024
Face à cela, Le Monde aurait pu reprendre la déclaration sur X de Jean-Luc Mélenchon :
« Écouter Netanyahu est une épreuve moralement insupportable. Ses évocations historiques sont odieuses. La doctrine du choc des civilisations dont il fait la propagande est un appel au génocide. Il devrait être devant un tribunal plutôt qu’à la télé française. Honte aux organisateurs de cette ignominie. »
Le Monde devrait revenir aux sources, par exemple sur place, au cœur d’un réel brûlant.
A civilian center in Rafah was bombed with more than seven missiles and large bombs, a place that was a so called safe zone. this is such a horrific massacre, i can’t even put it into words. babies were BEHEADED. #ALLEYESONRAFAH #RAFAHMASSACRE https://t.co/b0Aw2wiSfu
— ome (@pavprab) May 27, 2024
Au-delà de cette différence de traitement, il y a heureusement les faits. Mais c’est à nous de les agencer ou de les ré-agencer. Lorsqu’ils sont favorables au camp occidental, otaniste ou israélo-américain, ils sont relatés avec une joie difficilement contenue.
C’est le cas de la brève « Joe Biden autorise l’Ukraine à frapper la Russie avec des armes américaines pour défendre Kharkiv », développée plus bas.
Une information si grosse de dangers qu’elle aurait dû appeler un commentaire sur l’escalade du conflit provoquée par les Américains. Mais non. Nous sommes bien dans le naufrage journalistique dénoncé par David Guiraud.
Il faut le dire clairement, tant pis pour les susceptibilités des journalistes : nous assistons à un naufrage journalistique depuis des mois, ou les mensonges des soutiens du génocide ne sont jamais contredits avec fermeté par les journalistes, et ou la priorité est toujours… pic.twitter.com/M6LEVJ9uC6
— David Guiraud (@GuiraudInd) May 29, 2024
Joe Biden, qui s’y refusait jusqu’ici, a donné son accord pour que l’Ukraine frappe, sous certaines conditions, des cibles sur le sol russe afin de riposter aux attaques que mène la Russie dans l’oblast de Kharkiv.
« Le président a récemment demandé à son équipe de veiller à ce que l’Ukraine puisse utiliser des armes américaines afin de contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes l’attaquent ou se préparent à l’attaquer », a annoncé un responsable américain, selon l’Agence France-Presse, en ajoutant toutefois que les États-Unis continuaient à s’opposer à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe.
« Notre position d’interdiction de l’utilisation d’ATACMS ou de frappes en profondeur à l’intérieur de la Russie n’a pas changé », a-t-il souligné, évoquant les missiles d’une portée de 300 kilomètres que Washington a accepté récemment de fournir à l’Ukraine.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait laissé entendre mercredi que les États-Unis avaient infléchi leur position en termes de frappes ukrainiennes sur le sol russe.
« Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons à le faire », avait-il dit à la presse au cours d’une visite en Moldavie, pays frontalier de l’Ukraine.
Le revirement de M. Biden survient après des semaines de tractations en coulisses entre la Maison-Blanche, des hauts responsables de l’armée et du département d’État, consécutives au lancement, le 10 mai, de l’offensive russe dans l’oblast de Kharkiv.
Bruno Clermont, sur les frappes de l’Ukraine en Russie autorisées par Joe Biden : « C’est la conséquence du fait que les Ukrainiens souffrent actuellement », dans #LaMatinale pic.twitter.com/PopMxnieSC
— CNEWS (@CNEWS) May 31, 2024