Des milliers de manifestants de l’opposition ukrainienne occupaient vendredi les bâtiments de l’administration régionale dans six régions de l’ouest du pays, étendant la contestation, qui s’est radicalisée avec de violents heurts à Kiev.
La situation a été particulièrement tendue à Tchernivtsi, près de la frontière roumaine, où le président de l’assemblée locale, blessé à la tête, a été hospitalisé après un assaut qui a duré plusieurs heures.
Images spectaculaires
La télévision a transmis des images spectaculaires d’assaillants enfonçant les portes de l’administration en scandant « honte ». Le gouverneur Mikhaïlo Papiev a fini par céder le contrôle des lieux, dont sont partis employés et forces de l’ordre.
Les gouverneurs dans la ligne de mire
Les gouverneurs sont nommés par le président Viktor Ianoukovitch et se trouvent donc en ligne de mire des manifestants dans ces régions ukrainophones en grande partie acquises à l’opposition et où le pouvoir en place ne dispose que de très peu de soutien.
Frontière polonaise
À Loutsk, près de la frontière polonaise, un millier de manifestants rassemblés devant l’administration régionale ont pu accéder sans violence dans les bureaux du gouverneur.
Démission sous la pression populaire
La veille à Lviv, considérée comme le bastion nationaliste de l’ouest de l’Ukraine, le gouverneur Oleg Salo avait signé un document, demandant à être démis de ses fonctions sous la pression d’un millier de manifestants qui ont forcé l’entrée de administration. Il est ensuite revenu sur ses déclarations, affirmant que sa démission, signée sous la contrainte, n’était pas valide. Mais 200 manifestants qui ont passé la nuit sur place l’ont empêché d’accéder à son bureau vendredi.
Le conflit s’étend
Comme à Kiev, où la place de l’Indépendance et les rues voisines du centre sont entourées de barricades, les manifestants à Lviv ont érigé des barricades avec des pneus et des sacs de sable devant le bâtiment de l’administration.
Les administrations sont aussi occupées dans les régions de Rivné, Ternopil et Khmelnitski (ouest).
À Tcherkassy (centre), la police a réussi à chasser les manifestants qui avaient pris d’assaut l’administration jeudi soir, et a interpellé une cinquantaine de personnes.
A l’est, rien de nouveau
Aucune action de ce type n’a été rapporté dans l’est du pays, proche culturellement et économiquement de la Russie voisine, tandis que les régions de l’ouest, historiquement hostiles à la domination de Moscou, sont davantage tournées vers l’Europe.
Voir aussi, sur E&R : « Ukraine : Révolution orange, acte II »