Un des plus éminents économistes mondiaux admet aujourd’hui qu’il a eu tort de soutenir la création de l’euro - et appelle à son démantèlement.
Christopher Pissarides, lauréat du prix Nobel d’économie en 2010, était un promoteur zélé de la monnaie unique.
Mais il a totalement changé d’avis, et affirme aujourd’hui, que l’euro a créé une « génération perdue » de jeunes chômeurs et qu’il « divise l’Europe ».
Lors d’une conférence à la London School of Economics, où il enseigne, l’économiste anglo-chypriote appelle à l’action pour « restaurer la crédibilité de l’euro sur les marchés internationaux et la confiance que les nations de l’Europe ont entre elles ». Ajoutant ensuite que « malheureusement, il ne la voit pas se matérialiser. »
Ses commentaires interviennent quelques jours après que Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, a affirmé que la crise dans la zone euro n’est pas terminée :
« Une crise peut-elle vraiment être terminée alors que 12 % de la population active est sans emploi ? Lorsque le chômage chez les jeunes est à deux chiffres, atteignant plus de 50 % comme en Grèce et en Espagne ? »
Les experts estiment que l’Europe ne sera jamais en mesure de mettre en œuvre les politiques nécessaires pour stimuler la croissance et créer des emplois en raison des énormes différences entre les économies de la zone euro.
Les contribuables allemands, en particulier, n’accepteront pas de dépenser des sommes énormes pour soutenir des économies en faillite comme la Grèce et l’Espagne.
Même la France, la deuxième plus importante économie du continent, derrière l’Allemagne, est en crise avec un pays maintenant étiqueté d’« homme malade de l’Europe ».
Le professeur Pissarides, un des économistes européens les plus respectés de sa génération, vit au Royaume-Uni depuis 1974 et a été annobli en juin.
Il a déclaré qu’à moins d’un changement radical de la politique monétaire, l’euro doit être détruit.
« L’euro devrait être démonté de manière ordonnée et les principaux membres devront le faire le plus rapidement possible pour retrouver la croissance et l’emploi ».
« Nous n’irons nulle part avec la ligne actuelle de la prise de décisions ad hoc et les politiques d’allégement de dette incompatibles. »
« Les politiques menées actuellement pour stabiliser l’euro nous coûtent des emplois en Europe et créent une génération perdue de jeunes gens formés. Ce n’est pas ce que les pères fondateurs avaient promis. »
L’économie de la zone euro n’a augmenté que de 0,1 % au troisième trimestre de l’année comparativement au 0,8 % en Grande-Bretagne et 0,9 % aux États-Unis.
Le taux de chômage dans la zone euro est à 12,1 % - ce qui signifie que plus de 19 millions de personnes sont sans emplois.
Le professeur Pissarides a joué un rôle très actif afin que son pays natal, Chypre, adhére à l’euro en 2008.
« J’étais complètement acquis à l’idée. À l’époque, l’euro semblait une excellente initiative. Mais il a eu l’effet inverse. Il freine la croissance et la création d’emplois et il divise l’Europe. La situation actuelle est intenable. »
Le professeur Pissarides est professeur regius de l’économie à la London School of Economics et président du Centre for Macroeconomics, qu’il a récemment créé.
Il est également professeur d’études européennes à l’Université de Chypre et président du Conseil de l’économie nationale de la République de Chypre, l’un des pays les plus en difficulté de la zone euro.