Un reportage de 7 minutes 30 diffusé au JT de 20 h sur France 2 en mars dernier a crée le scandale en Serbie qui accuse la chaîne de l’avoir trafiqué.
Le reportage portait sur le trafic d’armes entre la France et les Balkans, et particulièrement le trafic de Kalachnikov, « l’arme favorite du banditisme français » qui proviendraient selon Franck Genauzeau, l’auteur du reportage, à « 95 % » des Balkans où elles ont été produites « à des millions d’exemplaires pendant les guerres des années 90 ». Deux trafiquants, « bien connus dans le milieu du grand banditisme serbe » témoignaient, visage masqué, détaillant leur commerce et finissant par faire une démonstration de tir devant la caméra. Sur une table, deux pistolets et une Kalachnikov. Au mur, un drapeau serbe en évidence.
Problème : le quotidien serbe Blic affirme aujourd’hui que les deux trafiquants sont des délinquants payés par les journalistes pour jouer aux trafiquants d’armes…
Après la diffusion du reportage, la police se serait en effet mis en chasse et aurait découvert le pot-aux-roses. « Il ne s’agit pas de trafiquants, mais de criminels qui ont fait tout cela pour de l’argent », a déclaré le responsable de la lutte contre le crime organisé au ministère de l’Intérieur serbe. L’un des « trafiquants » serait le cousin du fixeur du journaliste de France 2 et aurait lui-même fait appel à un ami pour qu’il se joigne au tournage. Ce dernier, Zarko Blagojevic, aurait même emprunté de l’argent aux journalistes pour acheter un fusil d’assaut, afin de faire plus sérieux… Les deux hommes auraient touché 800 euros pour leur prestation parfaitement scénarisée. D’après Blic, ce sont en effet les journalistes qui auraient écrit les réponses que les faux trafiquants ont récité devant la caméra… Et ce sont également eux qui auraient insisté pour avoir le drapeau de la Serbie au premier plan et qui, n’en trouvant pas, auraient finalement accroché au mur un tee-shirt aux couleurs de la Serbie.
L’affaire scandalise les Serbes, qui se sentent salis. Elle vient du reste de prendre une autre ampleur depuis que le ministre des Affaires étrangères serbe s’est exprimé sur le sujet en début de semaine. Ivan Mrkic a en effet déclaré qu’« une explication serait demandée à la France » et que son ministère examinerait le dossier en détail.
Contacté par Le Courrier des Balkans, Franck Genauzeau, le journaliste incriminé, « réfute en bloc toutes les accusations ». Informée de l’affaire ce lundi, France 2 soutient son journaliste et devrait prochainement s’exprimer sur le sujet.