Le conservateur général des monuments en Pologne, Piotr Żuchowski, s’est dit vendredi convaincu « à 99 % » de l’existence d’un « train nazi » visible selon lui sur des images, fournies par ses découvreurs, d’un géoradar, un radar que l’on pointe vers le sol pour en étudier la composition et la structure.
Le présumé « train nazi », qu’un Polonais et un Allemand auraient découvert récemment à Wałbrzych, dans le sud-ouest de la Pologne, a ressuscité la légende des trains chargés d’or et de bijoux disparus au moment de la défaite nazie en 1945 et mis en émoi l’opinion publique et les chasseurs de trésors polonais.
« Je suis sûr à 99 % qu’un tel train existe, mais les informations sur son contenu restent invérifiables pour le moment », a déclaré M. Żuchowski devant la presse.
M. Żuchowski a déclaré avoir vu sur des images d’un radar à pénétration de sol une rame blindée, longue de plus de 100 mètres et enfouie sous terre. Selon lui, l’information sur l’emplacement du train « a été transmise oralement par une personne qui avait participé à son camouflage » et qui, « sur son lit de mort, avait fait un croquis de cet endroit présumé », jamais découvert depuis la guerre.
« Le fait que ce soit un train blindé suggère qu’à l’intérieur, il peut y avoir des objets de valeur », a-t-il dit. Ce pourrait être « des objets précieux, des œuvres d’art, voire des archives, dont nous avons connu l’existence, sans les découvrir ».
Mais ce train peut aussi contenir, selon lui, des « matériaux dangereux », si bien que « les opérations de déterrement devront être effectuées par des services spécialisés, dont des artificiers, du fait du risque que le train soit miné ».
Sur les images du géoradar, « j’ai vu des plateformes et des canons », a ajouté M. Żuchowski.
Le Congrès juif mondial (CJM) a appelé vendredi les autorités polonaises à restituer aux victimes de l’Holocauste ou à leurs héritiers les objets leur ayant appartenu qui pourraient se trouver à bord de ce train.
« S’il y a des objets volés aux Juifs avant qu’ils ne soient assassinés ou envoyés dans des camps de travail forcé, toutes les mesures doivent être prises pour les rendre à leurs propriétaires ou à leurs héritiers », a déclaré le directeur général du Congrès juif mondial, Robert Singer, dans un communiqué parvenu à l’AFP.
« Dans le cas où aucun survivant ni héritier ne pourrait être retrouvé, l’or ou d’autres biens dont il serait avéré qu’ils aient appartenu à des familles ou à des entreprises juives doivent profiter aux survivants juifs polonais », a estimé M. Singer.
À Wałbrzych, à l’endroit présumé où le « train d’or » serait enterré, des dizaines de personnes ont défilé tout au long de la journée de vendredi pour examiner les éléments qui, selon les chercheurs d’or, corroborent l’hypothèse. Il s’agit notamment d’un léger affaissement d’un talus de la voie ferrée reliant Wałbrzych à Wrocław. Cet affaissement cacherait l’entrée du tunnel qui abrite le train.
M. Żuchowski a confirmé que les avocats des découvreurs, qui souhaitent rester anonymes, avaient informé en bonne et due forme les autorités, tant régionales que centrales, de leur découverte. Il s’est refusé à toute précision sur l’endroit exact de la trouvaille et sur la date du début des opérations de déterrement.
Il a également confirmé que les découvreurs pourraient légitimement demander 10 % de la valeur de leur trouvaille.