Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Une banque américaine a blanchi 380 milliards de dollars des cartels mexicains

Un géant bancaire américain, Wachovia, est au coeur d’un des plus gros scandales de blanchiment d’argent sale de tous les temps. 380 milliards de dollars issus du trafic de drogue seraient passés par ses succursales, en toute impunité. Une bombe à fragmentation balancée hier par le Guardian.

La banque a fait l’objet de poursuites judiciaires acharnées. Et comment ! En Mars 2010, en vertu de la loi américaine sur le secret bancaire, Wachovia et l’administration américaine ont signé un accord amiable, resté secret jusqu’ici : 110 millions de dollars d’amende pour avoir autorisé des transactions relatives à des trafics de drogue et 50 millions pour avoir échoué à surveiller les mouvements de capitaux utilisés pour le transport de 22 tonnes de cocaïne. Et... c’est tout ! Aucun dirigeant n’a jamais été inquiété à titre personnel.

Du "too big to fail" au "too big to jail"...

Pourtant, l’enquête a montré que Wachovia était au courant de ces petits trafics depuis 2004. Entre 2006 et 2007, la banque a même fait l’objet de 6000 à 7000 procédures de redressement, mais ça n’a pas eu l’air de gêner grand monde. "Un nombre absurde", selon Martin Woods, un employé londonien de la banque embauché pour lutter contre le blanchiment. Dans ces conditions, comment se peut-il que la direction n’ait pas eu "le sentiment que quelque chose allait très, très mal ?" Heinh, comment ? D’ailleurs, à plusieurs reprises, ce Woods a balancé des rapports incendiaires à sa hiérarchie, car le pot aux roses n’était finalement pas si difficile à mettre à jour... Mais ça n’a pas eu l’air de gêner grand monde.

Coke en stock

En mai 2007, suite aux pressions exercées par le ministère de la justice des États-Unis, Wachovia décide d’interrompre ses relations avec certains de ses bureaux de change mexicains. Mais plutôt que de lancer une enquête interne, comme le veut l’usage, la banque choisit de faire l’autruche. Un peu plus tard, les médias américains évoquent (timidement) l’affaire. Wachovia prend alors la lourde décision de cesser toutes ses activités au Mexique. Mais toujours pas d’enquête. Pire, en juin 2007, Woods apprend que ses alertes ont été volontairement cachées aux autorités américaines et britanniques. Et le trafic a pu continuer comme si de rien n’était...

C’est est trop ! Fin 2007, Martin Woods se retrouve dans les locaux de Scotland Yard. Là, il se rend compte que personne n’a encore pris la mesure du scandale. Alors il balance tout. C’est à ce moment là que tout bascule et les autorités américaines et britanniques ne lâcheront plus l’affaire.

Alors... pourquoi une si faible amende ? Pourquoi aucune action pénale ? Quelques indices :

- En janvier 2010, Antonio Maria Costa, directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que le plus gros de l’argent issu du trafic de drogue avait été sciemment blanchi par les institutions financières. Courant 2008, il a ainsi reçu la preuve que les profits de la criminalité organisée ont été "la seule source de liquidités" pour certaines banques au bord de la faillite. "Les prêts interbancaires ont été financés par l’argent du trafic de drogue et d’autres activités illégales... Il y a des signes qui indiquent que certaines banques ont été sauvées de cette façon" a-t-il déclaré. En clair, le trafic de drogue a participé à sauver l’économie mondiale.

- Robert Mazur, ancien responsable américain de la lutte contre les cartels sud-américains, a déclaré au Guardian que "beaucoup d’agents ont été déçus de voir un règlement" à l’amiable entre l’administration et Wachovia. "Mais, a-t-il continué, je sais qu’il y a eu des circonstances extérieures qui ont travaillé au profit de Wachovia, notamment le fait que le système bancaire américain était au bord de l’effondrement".

Le trafic de drogue serait-il l’opium des banques ?

 






Alerter

3 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • Et moi qui disais devant un parterre ébahi d’élèves en école de commerce que la criminalité en Amérique latine était le résultat d’une politique tout à fait volontaire des gouvernements et des banques, j’en ai à présent la preuve irréfutable qui va les empêcher tout bonnement de continuer à me rétorquer des âneries...
    En effet, un de ces élèves (l’élite de la nation) avait osé avancer que si les Sud-Américains continuaient à être opprimés par la pauvreté et l’insécurité, c’était tout simplement une question de culture, et que, la preuve, les Aztèques s’étaient laissés massacrer par les Espagnols.
    Non, ce n’est pas un poisson d’avril.

     

    Répondre à ce message

  • Voir a ce propos "cia and drug running", une conférence de Mike Ruppert sur le sujet. Il y identifiait (dès 1997) Richard Armitage comme un traficant d’héroine notoire pour le compte de l’agence. Tres sourcé, percutant, je crois que Ruppert a un peu petté les plombs depuis quelques anées, mais sur la CIA il est imbatable. Connaissance de l’anglais un atout.

     

    Répondre à ce message